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mercredi, 17 janvier 2007

Apocalypto

   Mel Gibson est un cinéaste engagé. On le lui reproche souvent d'ailleurs. Mais, lui, au moins, mène une réflexion à travers ses films. Il a de plus le courage de tenter des expériences, comme de tourner un film dans une langue maya incompréhensible pour 99,9 % des habitants de la planète. Et, comme les dialogues ne sont pas d'une importance proustienne, cela passe, sans problème (avec parfois quelques sous-titres placés sur fond blanc... donc illisibles). Le film est toutefois trop long. Heureusement, c'est la deuxième moitié qui est la plus intéressante : on sort de là sur une bonne impression. On n'oubliera pas cependant les facilités, le côté mélo, surjoué, de beaucoup de scènes. On appréciera les actrices aux sourcils non épilés, charmants. (Prenez-en de la graine, mesdames.)

    Régulièrement, on perçoit les influences que Gibson a subies (ou les gens qu'il a pompés, si l'on est plus vétilleux). Le Nouveau monde de Terrence Malick a été mis à contribution pour les scènes où les personnages communient avec Dame Nature. Hergé a sans doute inspiré la scène avec l'éclipse de soleil. On perçoit aussi des influences plus littéraires (ainsi que celle du péplum) dans la description de la "décadence". L'histoire romaine est ici mise à contribution.

    On retrouve notre Gibson dans sa complaisance vis-à-vis de la violence (de manière moins grotesque que dans la Passion du Christ néanmoins), avec cette ambiguïté : certains actes de violence sont dénoncés, d'autres perçus comme justes. Dans les deux cas, c'est filmé avec le souci du détail, presque avec empathie. La violence est cause du déclin mais aussi solution du problème...

     La poursuite dans la jungle costa-ricienne n'est pas très réaliste. Ici, Gibson se fait conteur et moraliste (avec une belle prophétie à la clé). Les Mayas sont condamnés par leur folie autodestructrice, leurs comportements barbares... et leurs superstitions. A long terme, cela justifie l'arrivée des Européens et relativise la barbarie de ces derniers. D'un autre côté, Gibson sous-entend que les querelles intestines ont rendu les Mayas incapables de résister aux nouveaux arrivants, qui maîtrisent une technologie plus avancée. Je crois qu'il faut voir beaucoup plus loin qu'une éventuelle critique de l'Amérique. (Cela arrange toujours les Yankees qui veulent vendre leur soupe en Europe quand des critiques en mal d'imagination leur font remarquer qu'en pliant bien les pages, leur oeuvre pourrait esquisser l'ébauche d'un début de critique de l'administration Bush.) A mon avis, Gibson pense à ce qui pourrait être la situation des habitants de la Terre (divisés, belliqueux) face à l'arrivée d'extra-terrestres, plus évolués techniquement, mais pas forcément plus respectueux des populations rencontrées.

     Apocalypto est aussi un film hollywoodien. C'est un classique du film de vengeance, avec la figure rebattue du chassé qui devient chasseur. Le héros lui-même est très conventionnel : c'est un prince, beau gosse (que Gibson, très attaché aux corps, sait mettre en valeur), bien marié. Ce n'est pas le lourdeau au grand coeur, disgracieux sur les bords, qui devient le héros du film. Rien de nouveau sous le soleil.

19:55 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinema

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