vendredi, 23 mars 2007
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Le sujet de base est historique : la bataille des Thermopyles, les guerres médiques, l'éducation à la spartiate, la trahison du fameux Ephialtès. Cependant, quand on creuse, on se rend vite compte que tout a été plus ou moins déformé (un peu à l'image du personnage susnommé). On peut s'irriter, par exemple, de la représentation fantaisiste des éphores. On goûtera plus ou moins l'esthétique, à mi-chemin de la bande dessinée et du jeu vidéo. Ceci dit, cela donne naissance à plusieurs séquences qui ne manquent pas de souffle. On pourra sourire de la véritable publicité pour les salles de musculation que ce film constitue. (D'ailleurs, ils nous font un peu de gras mou, nos beaux zathlètes.)
Mais, assez vite, le malaise naît. Après tout, ces guerriers spartiates ne sont pas moins cruels que leurs adversaires. Or, leur "barbarie" est présentée de manière positive. En face, que trouve-t-on ? Des gens hideux, des "bronzés", noirs ou arabes, des transsexuels, des lesbiennes. Bref, une collection de clichés sur un monde oriental supposé incarner la décadence. (A noter que le film exhale une fascination-répulsion pour l"homosexualité des plus ambiguës : le culte du corps masculin voisine les postures plus ou moins "viriles"...) Le film se veut l'illustration du juste combat de la liberté et de la démocratie contre l'esclavage et la tyrannie... C'est faire peu de cas de l'esclavage sur lequel reposait la civilisation grecque, par exemple. Alors, oui, les Grecs se reconnaissaient des "valeurs " communes et qualifiaient leurs ennemis de "barbares". Mais ce mot n'était pas connoté comme aujourd'hui. Derrière cela se profile en fait un propos lié au XXIe siècle : l'Occident en général et l'Europe en particulier seraient menacés par les hordes sauvages venues de l'Est. La conclusion est des plus subtiles : un bon bain de sang va nous régler tout ça en impressionnant "nos" adversaires (faut leur fiche la trouille à ces chiens galeux !) et en remotivant "nos" propres troupes (débarrassons-nous de ces salopards de traîtres, de ces mous du gland qui cherchent à négocier !).
Il est vrai que le patriotisme des cités grecques était très développé. Il est vrai aussi que l'éducation spartiate était des plus rudes. Il est vrai enfin que l'argent des Perses entretenait un parti dissident dans bien des cités. Mais tout cela est caricaturé. Quelle faiblesse en comparaison, par exemple, du scénario du dernier film de Clint Eastwood. Vous me direz qu'il ne faut pas le prendre comme cela, que ce n'est après tout qu'un pur produit de divertissement. Peut-être... Peut-être pas. Le doute est vraiment permis.
20:05 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma
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