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mercredi, 14 novembre 2007

Le Royaume

   En province, il n'est pas facile d'accéder à ce film, qui n'a pas bénéficié de l'exposition à laquelle il pouvait prétendre, vu la concentration irréaliste des sorties sur certaines semaines.

   C'est un mélange d'unilatéralisme à grand spectacle et de bons sentiments. A la base, une histoire vraie : un attentat anti-américain sur une base de vie de civils en Arabie saoudite. Le générique se charge de nous situer le contexte géopolitique, vie et oeuvre de Ben Laden à la clé. C'est un pudding pas trop mal foutu, mais dont le spectateur lambda, peu au fait des enjeux de la politique moyen-orientale, ne retiendra pas grand chose. Je relève toutefois un effet intéressant : le lien graphique tissé entre la consommation de pétrole et les attentats du 11 septembre 2001.

   Après, c'est de l'unilatéral. Les bons agents du F.B.I. vont parvenir à se rendre chez les méchants Saoudiens, en appuyant là où ça fait mal : sur les liens obscurs qui relient des membres de la famille royale au financement du terrorisme. Bien joué, les gars, et merci à la grande presse indépendante états-unienne pour le coup de main. Au passage, le film égratigne ces salopards de parlementaires du Congrès, alors que le président est vu comme un mec bien, conscient des réalités et burné de surcroît.

   A l'arrivée en Arabie saoudite (ça a été tourné à Dubaï, avec des figurants apparemment recrutés sur place, à Londres et en Israël-Palestine), c'est un peu le "choc des civilisations", mais entre supposés alliés. Les gonzesses sont sous cloche, et la vue de la médecin-légiste du FBI en T-shirt (il doit faire dans les 40° quand même) suscite l'émotion. Pour faire bon genre, on nous fait comprendre que les "bons" Saoudiens ne jurent pas comme des charretiers, eux, et qu'ils respectent les femmes... à leur manière. Parce que, ouais, ce ne sont pas les bons occidentalisés qui affrontent les méchants obscurantistes là-bas, ce sont plutôt les islamistes non-violents (c'est-à-dire les dirigeants saoudiens) contre les islamistes radicaux. Au moins le film nous épargne-t-il une vision trop angélique de la situation : on peut être un musulman très pieux, voire bigot comme c'est pas permis, et ne pas être un terroriste. Cela devient complexe, dites moi !

   On se rassure avec une pointe d'antisionisme primaire chez les Saoudiens : un des agents du FBI a un visa israélien sur le passeport... Ouf, on laisse couler (pas comme le Grand Libérateur Khadafi, dont les services continuent de rejeter ce type de passeports). L'équipe est donc très œcuménique : dirigée par un Noir, elle comprend un WASP, une féministe (Jennifer Garner pas démente) et un juif.

   La première partie du film nous montre en détail les méchants en action. Il n'y a plus de tabou désormais : on peut voir des citoyens américains se faire allègrement dézinguer. L'attentat ultime est très bien amené... et spectaculaire. La deuxième moitié du film voit ces quatre agents, aidés de policiers saoudiens en apparence méchants mais gentils en fait, apprendre aux abrutis locaux comment on mène une enquête criminelle qui déchire sa race. Au passage, on met la pâtée à ces enculés de terroristes. La mise en scène est très efficace : c'est trépidant... saignant à souhaits parfois.

   La fin est surprenante... DONC NE LISEZ PAS LA SUITE SI VOUS N'AVEZ PAS VU LE FILM SINON NE VENEZ PAS VOUS PLAINDRE APRÈS, HEIN, NON MAIS.

  

 

   Deux scènes sont mises en parallèle : aux États-Unis, le héros, incarné par Jamie Foxx, finit par révéler ce qu'il avait susurré à l'oreille de sa collègue au début, après avoir appris la mort d'un ami dans l'attentat : "On va tous les tuer." En parallèle, en Arabie saoudite, le petit-fils du chef des terroristes répète à sa mère ce que son grand-père lui a dit avant de mourir sous les balles yankees : "N'aie pas peur, on les tuera tous." Cette fin inattendue (et, pour tout dire, intelligente) suggère que la fermeté, quoique parfois nécessaire, ne suffit pas à résoudre des problèmes aussi complexes. Du coup, je suis sorti de la salle plutôt satisfait.

11:20 Publié dans Cinéma, Proche-Orient | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma

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