Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

samedi, 24 novembre 2007

American gangster

   Le film compte non pas un mais deux héros, deux anti-héros (c'est à la mode). La première partie du film met leurs destins en parallèle, montrant à la fois leur ascension (chacune dans son genre) et leurs côtés "obscurs"... Tous deux sont issus d'une minorité : noire pour le trafiquant, juive pour le flic. Tous deux ont commencé en bas de l'échelle : dans le ghetto noir pour le premier, dans le quartier italo-américain pour le second (dont les potes de collège sont devenus des mafieux). Dans cette partie, on retrouve la virtuosité de Ridley Scott, qui, mine de rien, nous livre une véritable étude sociologique. Le tout, comme ça, dans le flux de l'intrigue, dans un film commercial bien charpenté.

   Mais là s'arrêtent les ressemblances entre les personnages. "Frank" (Denzel Washington excellllent) est plutôt puritain, radical quand il s'agit de prendre des décisions, attaché aux valeurs familiales... et plus encore au pognon, alors que Richie (Russell Crowe formidable) est un voluptueux, plutôt asocial et louvoyeur, méprisant le culte de l'argent. Leurs ascensions prennent des chemins différents : le Blanc suit une forme de méritocratie, passe des concours, intègre un "service public", le Noir reprend une "entreprise", innove, conquiert des marchés, affronte ses concurrents.

   Toutetois, les deux bonshommes partagent le goût de la rigueur dans le travail, ce qui va les rapprocher à la fin.

   Par comparaison, les autres personnages, certes bien interprétés, apparaissent en retrait. Deux mots sur les femmes : à part la mère (incarnée par Ruby Dee, l'inoubliable maman de Wesley Snipes et Samuel L. Jackson dans Jungle fever), ce sont soit des putes soit des profiteuses de mecs. La vision est donc assez misogyne... et reste fidèle aux "canons" de la mythologie du film de gangsters : les fréquentations des caïds ne peuvent être que des canons sans cervelle avides de fric et de sexe...

   Reste la question de la scène manquante.

   Ben oui, il en manque une. Ceux qui ont vu la bande-annonce ne peuvent que s'étonner d'avoir "raté" la scène qui montre Frank Lucas s'approcher, dans l'obscurité, de la caméra (qui le filme en contre-plongée) et tirer (bel effet avec l'éclair provoqué par la détonation, illuminant brièvement son visage fermé), avant de quitter les lieux, abandonnant l'arme sur place.

   Le film durant déjà près de 2h30 (on ne les sent pas, je vous assure), je suis d'avis que des coupes ont été pratiquées (et c'est parti pour l'édition collector du D.V.D. !). Je pense que cette scène devait suivre l'algarade survenue dans un bar tenu par un revendeur, qui a "manqué de respect" à Frank quand celui-ci lui a ordonné de ne plus couper sa came ou bien de changer le nom de la daube qu'il vend. (Décidément, ces entrepreneurs sont prêts à tout pour conserver un marché !) Ce personnage a pu être assassiné par Frank après qu'on a tenté de tuer sa femme sous ses yeux : de retour chez lui, il entend ses frères lui proposer de faire la peau à cette petite frappe (sans qu'ils aient la preuve qu'il soit responsable de la tentative de meurtre), ce que le patron refuse. Après cela, on a une ellipse : Denzel Washington retourne en Asie du Sud-Est (au passage, Ridley Scott égratigne tout ce qui pourrait donner  ne serait-ce qu'une once de respectabilité au conflit vietnamien) sans avoir apparemment tiré vengeance du forfait, ce qui ne cadre pas avec le personnage qu'on s'est évertué à nous présenter jusque-là. Peut-être a-t-on jugé que cela alourdissait inutilement l'intrigue, alors que la phase de déclin s'amorçait.

15:25 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma

Les commentaires sont fermés.