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mercredi, 11 février 2009

Frozen river

   Quentin Tarantino a fait la pub de ce polar social très particulier, remarqué au festival Sundance (il a eu le prix de Grand Jury en 2008). L'action se déroule à la frontière américano-canadienne, matérialisée par un fleuve (le Saint-Laurent), gelé en l'occurence (d'où le titre). On est donc à la limite de l'Etat de New York et de l'Ontario, si je ne m'abuse. (Le film lui a été tourné plus au sud, du côté de Pittsburgh, en Pennsylvanie.) Le territoire est aussi occupé en partie par une réserve indienne, celle des Mohawks. Voilà pour le contexte.

   Les personnages principaux ont une vie de merde. L'héroïne a un boulot à temps partiel (vendeuse, en gros), alors que son employeur lui a fait miroiter un temps plein, qu'il réserve en fait à sa collègue, plus jeune et plus "appétissante"... Là dessus se greffe le départ subit de son mari, qui a la délicatesse d'emporter les économies du ménage, alors que le paiement du nouveau mobil-home arrive à échéance ! En face, la jeune Mohawk, qui a perdu son compagnon, n'a pas la garde de son fils (confié à sa belle-mère) et souffre de problèmes de vision. Elle déprime, malgré le soutien que tentent de lui apporter des membres de sa communauté.

   C'est donc une histoire de femmes, dans laquelle Tarantino a pu se retrouver. L'érotisme en moins, il y a du Jackie Brown dans cette mère de famille opiniâtre (et armée) qui choisit d'enfreindre la loi pour conserver le niveau de vie de sa petite tribu. Les actrices (Melissa Leo et Misty Upham en particulier) sont excellentes. Tous les seconds rôles, masculins comme féminins, sont impeccables.

   L'autre personnage principal est ce fleuve gelé, par où transitent les immigrants clandestins et sur lequel il peut être dangereux de circuler. C'est aussi le symbole de la limite entre le légal et l'illégal, une sorte de zone d'ombre (ça tombe bien, de nombreuses scènes ont été tournées de nuit).

   Mais le principal intérêt du film est la "pâte humaine" qu'il pétrit. Aucun des personnages n'est riche, ni miséreux. Tous vivotent et tentent de surnager. L'une doit se dépatouiller avec sa communauté Mohawk, l'autre avec ses gamins qui veulent des cadeaux... et surtout garder la belle télévision à écran plat ! Même la police est marquée par son humanité : le flic local est plutôt paternaliste (on sent qu'il a peut-être le béguin pour l'héroïne) et la police tribale semble d'abord avoir une fonction sociale.

   Un film étonnant donc, et bien ficelé.

12:36 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinema

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