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jeudi, 12 février 2009

Hunger

   C'est à la fois un film sur le conflit nord-irlandais (à travers la lutte des républicains incarcérés) et un film sur le corps. Attention, si le réalisateur s'appelle Steve McQueen, il n'a rien à voir avec l'acteur rendu célèbre par la série Au nom de la loi.

   Il y a donc d'abord et encore ces corps d'hommes jeunes, minces (de plus en plus pour certains) et musclés, qui, faute de mieux, utilisent leurs déjections comme outils de révolte. Non pas qu'ils les jettent à la figure de leurs geôliers, mais ils jouent sur le dégoût qu'ils inspirent : les murs des cellules sont badigeonnés d'excréments et ils ont mis au point un procédé pour faire passer leur pisse de la cellule au couloir sans qu'elle retourne d'où elle vient. Ils refusent de se laver et, au début, de s'alimenter.

   La première partie du film met donc en scène une confrontation, entre l'autorité britannique et ces jeunes révoltés. Voir ce film en 2009 est d'autant plus intéressant qu'il met le doigt sur les dérives d'une démocratie libérale (le Royaume-Uni gouverné par la délicieuse Margareth Thatcher) tentée par l'intransigeance. Cela peut toujours servir...

   A ce sujet, le réalisateur a l'honnêteté de nous présenter aussi le point de vue d'un gardien. On ne comprend pas tous ses gestes la première fois qu'on le voit mais, par la suite, tout s'explique. La raideur et la symétrie des uniformes s'oppose à la faiblesse et l'anarchie des corps. Les images sont à la fois terribles et belles : l'éclairage est soigné et le souci du détail conduit le réalisateur à travailler ses plans, qui parfois fourmillent d'indications.

   Un dialogue de plus d'un quart d'heure sert de transition. Une grande partie est filmée en plan-séquence. Vous allez me dire : une caméra fixe durant près de quinze minutes, avec devant un face à face assez conventionnel, voilà qui doit être ennuyeux. Eh bien, pas du tout. La joute verbale qui oppose le prêtre à Bobby Sands (qui a décidé de reprendre la grève de la faim, cette fois-ci jusqu'au bout) est passionnante, tant au niveau de la gestuelle, du positionnement des corps que de la confrontation des arguments. Celui qui semblait avoir le dessus au départ n'a pas forcément le dernier mot.

   Il faut dire deux mots de l'acteur principal : Michael Fassbender (qui joue Bobby Sands). Il est excellent. Au début, je ne le voyais pas forcément comme le personnage le plus marquant. Petit à petit, il prend toute la place. La dernière demi-heure est parfois à la limite du soutenable... et il est évident que l'interprète s'est engagé physiquement dans son rôle, lui donnant une connotation christique.

00:37 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinema

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