dimanche, 03 mai 2009
Katyn
Encore un film pour lequel il faut faire preuve de patience et de persévérance... pour parvenir à le voir en salles ! A peine plus de 10 cinémas en France le programment ! Peut-être l'aspect historique a-t-il rebuté distributeur et public, d'autant plus que le sujet n'est pas très connu : un massacre (en fait une série de massacres) des "élites" polonaises (catholiques, les nazis se chargeant des Polonais juifs -10% de la population tout de même, ce dont le film ne parle jamais, même allusivement), en 1940, par la police politique soviétique (le N.K.V.D., ancêtre du K.G.B.). Par l'effet de la propagande communiste, les massacres ont été parfois attribués à l'Allemagne nazie... on ne prête qu'aux riches.
Pourtant, dans sa grande majorité, le film n'est guère violent. Il est tourné principalement du point de vue des Polonais, des familles comme des officiers emprisonnés. Je ne pense pas que Wajda ait eu cet objectif mais, involontairement, son film montre que les Soviétiques ont mené une "guerre de classes" contre la "bourgeoisie" polonaise catholique, un peu à l'image du "traitement" administré naguère en U.R.S.S. aux koulaks, paysans supposés aisés. On sent toutefois que le réalisateur a perçu cet aspect du drame vers la fin, après la guerre, quand il met en scène l'ancienne servante devenue une dame qui compte grâce à l'ascension sociale de son époux, ancien résistant communiste. En face, l'ancienne employeuse, issue de la grande bourgeoisie de Cracovie, connaît des fins de mois difficiles. Comme par hasard, l'ancienne servante et son mari endossent le costume des parvenus grossiers, tandis que la dignité est forcément du côté de la famille du capitaine dont on est sans nouvelle.
C'est globalement bien joué, même si j'ai un tiqué parfois devant l'expression exacerbée des sentiments. On semble avoir donné pour consigne aux acteurs d'être le plus explicite possible : on vise le grand public, en Pologne. La réalisation n'est pas neutre. Le film est un long hommage aux martyrs (catholiques) de la Pologne, prenant la forme d'un requiem au moment où l'on propose aux spectateurs la mise à mort des officiers (grâce à la découverte d'un carnet). Les symboles religieux sont mis en valeur : Wajda ne dénonce pas seulement l'envahisseur russe (ennemi séculaire de la nation polonaise), il s'attaque au communisme athée et semble sous-entendre qu'il y a eu volonté d'extermination du peuple polonais (certaines scènes ont visiblement été tournées de manière à mettre en parallèle le sort des officiers polonais avec celui des Européens juifs exterminés par les nazis et leurs collaborateurs). Si, sur ce point, on ne peut pas suivre le réalisateur (qui, de surcroît, me paraît très indulgent vis-à-vis des Allemands), le film n'en garde pas moins une grande force évocatrice.
15:32 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : film
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