samedi, 09 mai 2009
Soeur Sourire
Domini-que-ni-que-nique s'en allait tout simplement, routier, pauvre et chantant... en tout chemin, en tout lieu, il ne parle que du bon dieu, il ne parle que du bon dieuuu. Cela ne vous dit rien ? Bon ben c'est que vous êtes trop jeunes ! Cette chanson a été un méga tube à son époque (dans les années 1960)... et même après !
Elle s'appelait Jeannine Deckers, était belge et a connu un destin singulier. Cette biographie filmée (un biopic, comme qu'on dit dans le milieu des gens autorisés) lui rend hommage. La belgitude est renforcée par la présence de la délicieuse et talentueuse Cécile de France (excellente dans Un secret). Je trouve assez piquant qu'on ait choisi cette actrice, certes belge, mais incarnant d'abord le charme et la sensualité, pour jouer cette religieuse atypique. Elle se révèle épatante dans le rôle... et elle chante ses chansons elle-même (souvent en play-back pour le film, mais apparemment, c'est elle qui les a enregistrées en studio).
La première grosse moitié du film est une comédie. On y voit la jeune Jeannine étouffer dans le carcan de la Belgique traditionnelle au tournant des années 1950-1960 (très beau portrait de famille, soit dit en passant), préférant finalement l'ordre des Dominicains, pourtant rigoriste, à la vie terne de femme au foyer qui semble l'attendre. Il y a un petit côté Jeanne d'Arc dans cette déjà plus adolescente croyante et rebelle, un peu garçonne et très charismatique.
Les scènes du couvent sont très belles et (comme tout le reste du film d'ailleurs) bien jouées. On rit souvent... en particulier quand le groupe de nonnes est confronté au "star système" (maison de disques, journalistes, télévisions...) !
La deuxième partie est consacrée à la seconde vie de celle qui n'est plus soeur Luc-Gabriel ni soeur Sourire. Je connaissais mal cet aspect de son existence, même si j'avais des souvenirs de sa tentative de retour au tout début des années 1980 (le "tube" était ressorti, réarrangé façon "moderne"... beurk !). Le ton est mélodramatique. Jeannine découvre la vraie vie, avec ses joies et ses tristesses, ses lâchetés, ses déceptions. Elle a tenté beaucoup de choses... et on ne l'a guère aidée. Le film veut montrer que des gens se sont enrichis grâce à son talent (le couvent, la maison de disques en particulier) et qu'ils ne lui ont pas renvoyé l'ascenseur le moment venu.
Le film la fait mourir un peu plus jeune que dans la réalité et exagère peut-être ses difficultés financières. Cela n'en reste pas moins du bel ouvrage. Le réalisateur a su marier plusieurs styles : le film mêle agréablement les scènes de commerce, de couvent, de music-hall et les moments intimes (à deux en général, l'héroïne se retrouvant avec sa cousine, son amie, son prétendant, son imprésario ou sa collègue de couvent et de chant). Ne vous fiez pas aux critiques snobs !
Une archive sur le décès de soeur Sourire :
http://www.ina.fr/divertissement/chansons/video/CAB850121...
11:46 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : film
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