mardi, 23 juin 2009
Dernière saison - Combalimon
Voici un nouveau documentaire agricole qui synthétise en quelque sorte bien de ses prédécesseurs... ainsi que quelques films de fiction à la base bien documentés. Il a été tourné dans le département du Cantal, sur le territoire de la commune de Saint-Urcize, mais dans une région frontalière. Voici de quoi vous repérer :
Nous sommes sur l'Aubrac cantalien, tout près de la Lozère (dans le film, Jean, le paysan, téléphone à une connaissance de Nasbinals) et de l'Aveyron (il n'est pas excessif d'affirmer que Saint-Urcize est située dans l'arrière-pays de Laguiole). C'est dans ce (magnifique) département que notre fermier a acheté nombre de ses vaches : dans le film, il dit avoir été en affaire avec quelqu'un de Thérondels, sans doute la commune aveyronnaise du Carladez, une région proche de l'Aubrac et il parle d'un marchand de bestiaux du nom de Latieule, un patronyme typiquement aveyronnais.
Le film commence par une séquence qui nous mène à un vêlage, celui d'une vache Aubrac. Au départ, on ne sait pas trop à quoi s'attendre ; ce n'est que lorsque l'on distingue le cul de l'animal que l'on se rend compte que quelque chose dépasse... juste avant que l'animal ne se couche et ne commence à mettre bas. C'est toujours un moment impressionnant.
Puis il est question de la solitude de ce vieux célibataire (qui plus est fils unique) de 66 ans, qui a conclu un drôle de mariage avec une Camerounaise qui a pris depuis la poudre d'escampette. Son ami lozérien a lui aussi connu une mauvaise expérience, avec une Marocaine semble-t-il. C'est un sujet délicat, qu'une fiction comme Je vous trouve très beau avait abordé avec un certain tact (la promise étant, dans ce cas, originaire de Roumanie). En gros, les anciennes colonies françaises voire les D.O.M.-T.O.M. (et même l'Ile Maurice) ont été pourvoyeurs d'épouses pour les paysans esseulés. Les mariages ne se sont pas toujours déroulés dans la plus grande harmonie, loin de là...
Ensuite, une séquence plus attendue nous présente les difficiles négociations menées autour de la vente du bétail. Déjà que la conversion des euros ne simplifie pas les choses, mais, de surcroît, le héros raisonne encore en anciens francs ! Cette partie fait peut-être écho au premier volet de la trilogie Profils paysans de Raymond Depardon, dans lequel une séquence de ce type est visible.
Enfin, il est question de la transmission de l'exploitation. Pierre Barrès ne veut pas voir ses terres accaparées par les "gros" de la région, avec lesquels il semble avoir eu maille à partir dans le passé. Mais c'est qu'on ne se bouscule pas au portillon ! Il y a bien une stagiaire, fort sympathique, volontaire, mais pourra-t-elle tenir le coup ? Le vieux paysan en doute (un peu à l'image du personnage joué par Michel Serrault dans le très beau Une hirondelle a fait le printemps)... d'autant plus qu'au lieu d'élever des vaches, elle veut implanter des brebis et transformer leur lait en fromage.
Le film s'achève sur cette incertitude, porteuse d'espoir, même si je doute qu'elle lui ait succédé.
Deux documents, quasi jumeaux, permettent d'appréhender le film : le dossier de presse oiginal (à mon avis) et le dossier pédagogique réalisé par "zéro de conduite". Le site eurozoom permet aussi de visionner des extraits du film.
Laissez-vous tenter ! C'est une vraie réussite (contrairement à d'autres), avec beaucoup d'humour et un personnage principal très attachant.
00:25 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : film, cinema
Les commentaires sont fermés.