Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

lundi, 21 juin 2010

Life during wartime

   ... "La vie en temps de guerre", en français. Le titre a une double signification. Il est une allusion à la politique bushienne de "guerre contre le terrorisme" et, au second degré, il fait référence aux relations humaines, notamment intrafamiliales.

   Pour bien comprendre ce film de Todd Solondz (dont je recommande aussi Bienvenue dans l'âge ingrat, l'anti-film pour ados), il vaut mieux connaître un peu Happiness, dont il est la suite. Mais on peut quand même le voir sans cela. Sachez toutefois que la scène d'ouverture de Life during wartime est un décalque de celle de Happiness, les interprètes ayant changé et les personnages ayant évolué.

   On retrouve le style adopté par le réalisateur dans le précédent : des situations grotesques, souvent humiliantes pour au moins l'un des protagonistes, traitées sur un ton anodin, avec des dialogues supposés neutres, remarquablement bien écrits. Solondz est le cinéaste du refoulement, de l'innommable.

   Après la savoureuse scène de départ, on apprend la sortie de prison du père pédophile. A voir sa tête et à observer son comportement, on comprend qu'il a dû en baver durant sa détention... et qu'il n'est peut-être pas complètement guéri. Là, le réalisateur renonce à la comédie acide et ébauche une réflexion sur la vie de famille d'un criminel. C'est assez étonnant à dire (surtout quand on a vu les précédents films de Solondz), mais là, il travaille dans la dentelle.

   On revient à la comédie sardonique avec le portrait des trois soeurs, plus ravagées les unes que les autres. L'aînée (et épouse du pédophile) a fui le New Jersey pour la Floride où elle tente de refaire sa vie. L'intello (interprétée par Ally Sheedy, qui fut l'héroïne de War Games en 1983 !) vit avec un acteur célèbre et méprise toujours autant les autres. Enfin, la névrosée, qui semblait avoir retrouvé un équilibre, est en fait toujours aussi barge. C'est le retour de l'ancien violeur qui fait voler en éclat les faux-semblants.

   Il faut noter que Solondz a gardé son habileté à faire jouer des scènes délicates à des enfants. C'est, je pense, dû en partie à la qualité des dialogues qui, à l'aide de mots du quotidien, savent faire exprimer les pires horreurs.

   Son talent s'exprime aussi au niveau du cadrage : dans presque chaque scène il faut être attentif à un élément apparemment anodin (un drapeau israélien, un dessin de singes sodomites, un personnage flou qui traverse un coin de l'écran...), très significatif en fait.

   Il me semble que cette suite à Happiness insiste davantage sur la judéité de la famille, pour s'en moquer. Il s'agit de la classe moyenne bushiste (qui a voté McCain en 2008), pro-israélienne jusqu'à l'aveuglement. A plusieurs reprises, à travers le personnage de l'épouse qui tente de refaire sa vie, cette "judéité ostentatoire" est tournée en dérision.

   J'ai quand même été un peu déçu. Le film est beaucoup moins "rentre dedans" que le premier et il faut reconnaître que, parfois, les situations sont un peu vides. Cela reste un ovni cinématographique qui mérite le détour.

   P.S.

   Une des scènes d'anthologie de Happiness a inspiré de talentueuses internautes... Celle qui tient le nounours est excellente !

13:46 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinema, cinéma, film

Les commentaires sont fermés.