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samedi, 15 janvier 2011

Le Président

   Non, il ne va pas être question de François Mitterrand. Encore moins de Jacques Chirac ou de Nicolas Sarkozy. Je fais tout simplement référence au titre du documentaire réalisé par Yves Jeuland, qui s'appuie sur la campagne des dernières élections régionales pour tracer le portrait de Georges Frêche, qui lui a laissé une grande liberté pour le suivre dans ses déplacements.

   Attention, cela commence fort. On se retrouve dans la voiture de Frêche, avec son équipe et la radio (ou plutôt le lecteur CD ?) passe une vieille chanson : C'est un mauvais garçon, dont les paroles du refrain font allusion à l'une des polémiques nées des déclarations intempestives du président du Conseil régional de Languedoc-Roussillon :

C'est un mauvais garçon
Il a des façons
Pas très catholiques
On a peur de lui
Quand on le rencontre la nuit
C'est un méchant p'tit gars
Qui fait du dégâts
Si tôt qu'y s'explique
Ça joue du poing
D'la tête et du chausson
Un mauvais garçon

   (Plus loin dans le film, l'arrivée de Georges Frêche à un meeting, lors de l'entre-deux-tours des élections je crois, est saluée par la chanson Ce Georges, un duo entre Olivia Ruiz et Salvatore Adamo qui a été utilisé sans l'autorisation des auteurs, ainsi qu'il est précisé dans le générique de fin.)

   En raison de la conception du film, aucun des adversaires de Frêche n'a droit à la parole. C'est donc assez unidimensionnel. Quelqu'un comme Pierre Carles aurait pu puiser dans le matériau filmique de quoi concevoir un portrait à charge... mais on ne l'aurait jamais laissé faire. Yves Jeuland nous livre donc une vision empathique, en général favorable au "grand homme".

   C'est d'abord très drôle, parce que Georges Frêche a la dent dure (et parfois à raison), parce qu'il a autour de lui une équipe très motivée, qui se lâche parfois devant les caméras. On peut aussi observer le ballet des courtisans.

   Toutefois, on ne nous montre que rarement Frêche perdant le contrôle (ou faisant semblant de le perdre). Si on le voit bien s'en prendre à Arnaud Montebourg ou "casser" son ancienne adjointe Helène Mandroux (de manière assez injuste d'ailleurs), on nous épargne ses premières réactions contre les caciques du Parti socialiste. De manière générale, celui que son entourage appelle "président" est présenté comme un homme âgé, fatigué, handicapé par sa hanche, mais accroché au pouvoir comme un morpion aux poils pubiens.

   Le montage nous prive aussi peut-être de quelques moments savoureux. Ainsi, on voit que Georges Frêche comme Hélène Mandroux sont venus assister au match de football opposant Montpellier à Marseille. Tous deux sont ensuite allés dans le vestiaire de l'équipe locale (la maire de Montpellier sans doute avec ses petits enfants). Hé bien on ne nous montre pratiquement rien !

   Face aux journalistes, il est parfois mis en difficulté, comme sur RMC, mais la séquence est brève. Lors de sa venue à Canal +, la caméra s'éloigne vite du studio, pour s'intéresser au côté "backstage", mais il repart de là furieux après Jean-Michel Apathie. Il a par contre été  brillant au téléphone face à Marc-Olivier Fogiel. Le montage (bien conçu) semble donc avoir choisi de valoriser Georges Frêche.

   On comprend qu'on a affaire à une "bête" politique, un homme intelligent et cultivé, un comédien très sûr de lui, sans gêne. A plusieurs reprises, on le voit trôner comme un pacha, avec sa canne. Il manque l'arrière-plan, les regrets de ce juriste réputé, qui n'a pas fait la carrière nationale qu'il escomptait et qui s'est rabattu, décentralisation aidant, sur le Languedoc-Roussillon.

   C'est aussi un bonimenteur de première, qui flatte son auditoire. Ainsi, alors qu'il est en train d'emballer un public de pieds-noirs, on sent la gêne dans son entourage. Et que dire de ses gros mensonges, sur sa jeunesse miséreuse et les sabots de son père ! A côté de cela, l'histoire des statues de la Place des Grands-Hommes (à Montpellier), c'est du pipi de chat !

    Au final, ce film donne une très mauvaise image de la politique. La seule activité du président du Conseil régional semble être de signer de manière machinale des dizaines de papiers, sans même prendre le temps de les lire.  Ses faits et gestes dépendent fortement de l'image que ses différents conseillers essaient de donner de lui, même si le bonhomme n'en fait parfois qu'à sa tête ! Et de la campagne des régionales, on ne retiendra quasiment aucun projet, aucun débat d'idées, juste des polémiques politiciennes et des propos clientélistes.

23:58 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : film, cinema, cinéma

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