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jeudi, 01 novembre 2012

Sous la ville

   "Encore un film sur l'extermination des juifs !" vont dire certains. Et pourtant... cette histoire-là n'a encore jamais été mise en scène... et elle est vraie ! Plus de 60 ans après, on continue à découvrir des choses sur cette période tragique.

   Ce superbe noir et blanc se déroule essentiellement dans les égouts de la ville de Lvov (ou Lwow ou Lviv selon la langue de la personne qui s'exprime). Cet endroit repoussant va servir de refuge à un groupe de juifs qui ont échappé à la liquidation du ghetto. Tous ne vont pas survivre.

Ghettos.jpg

   Les éclairagistes et le chef opérateur ont fait du bon boulot : ils ont installé l'ambiance obscure à l'écran tout en permettant au spectateur de tout distinguer. Ceci dit, je me demande ce que cela peut donner sur un écran de télévision... (ALLEZ VOIR LES FILMS EN SALLE !)

   Toujours dans un souci de réalisme, on a fait s'exprimer les acteurs dans les langues parlées à l'époque : polonais, ukrainien, allemand, yiddish, russe. Cette cacophonie des sonorités peut déconcerter de prime abord, mais on s'habitue vite.

   On peut penser que ce long-métrage n'a pas été réalisé que pour témoigner d'événements extraordinaires. Il a aussi pour but de réconcilier juifs et catholiques polonais, dont les relations ont été marquées au mieux par l'incompréhension, au pire par l'hostilité. C'est bien que ce film ne cache ni n'atténue ces tensions-là.

   L'histoire est aussi attachante parce que celui qui va devenir un héros est d'abord un salaud : l'égoutier Leopold Socha cambriole ici ou là puis, lorsqu'il décide d'aider les fugitifs, se fait payer. La guerre qui a déshumanisé tant de personnes va le grandir. Il devient presque un saint. En 1978, il sera reconnu "Juste parmi les Nations".

   Face à lui, le groupe de juifs n'est pas présenté comme une masse informe de victimes innocentes. Ce sont des êtres humains, avec leurs qualités et leurs défauts. Chacun tente de mener sa vie. On s'aime, on se déchire, on se trompe. (Il arrive d'ailleurs à une femme et sa fille une histoire semblable à ce qui est évoqué dans Un Secret.) Des couples font l'amour. On assiste même à un accouchement (sordide). Je regrette toutefois une tendance au mélodrame... à laquelle il est peut-être difficile d'échapper, vu le contexte.

   Au passage, la réalisatrice souligne le rôle des collaborateurs ukrainiens (on en avait aperçu aussi dans le film de Roman Polanski, Le Pianiste)... et ne cache pas qu'à la mort de l'égoutier (après la guerre), il s'est trouvé des personnes pour affirmer qu'il avait été puni pour avoir aidé les juifs.

   Reste que ces 2h25 sont assez éprouvantes. C'est long, peut-être parfois un peu répétitif. Ce n'est donc pas pour moi un grand film, mais une oeuvre à découvrir.

   P.S.

   Invitée de l'émission Cosmopolitaine (le 14 octobre dernier), la réalisatrice Agniezka Holland évoque la Pologne de l'époque. (On notera toutefois que, dans ses propos, elle distingue les juifs des "Polonais" et des "Allemands"...)

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