vendredi, 07 février 2014
Jacky au royaume des filles
Cette comédie repose sur le principe du renversement de situation. Dans ce royaume, les femmes dominent, portent des tenues militaires ou de motard, alors que les hommes sont sous leur domination et contraints de porter un tchador.
L'effet comique des premières scènes montrant ces hommes sous cloche est incontestable, d'autant plus que le côté infantilisant de cette domination est mis en valeur par le comportement des garçons. J'ai bien ri à les voir gambader dans les rues du quartier.
On est aussi rapidement cueilli par une scène "choc"... tournée à la force du poignet ! C'est drôle, mais inabouti : à la fin, on devrait voir une ou plusieurs taches, ce qui n'est pas le cas ! Ce manque de réalisme est l'image du reste du film qui, s'il joue sur la gaudriole, n'ose pas aller au bout de sa démarche.
On peut y percevoir une kyrielle d'influences, de Cendrillon à Made in Groland, en passant par Les Misérables et Soleil vert. On n'a pas franchement tranché entre la satire et la fable moralisante. C'est un peu trop "gentil" à mon goût... et l'interprète principal (Vincent Lacoste) est trop fade. C'est particulièrement visible quand il se retrouve face à de grosses pointures, comme Charlotte Gainsbourg (excellente, bien que pas toujours bien servie par les dialogues) et surtout le couple formé par Noémie Lvovsky et Didier Bourdon, une révélation dans ce rôle de matrone, auquel le tchador sied particulièrement. (A signaler aussi quelques caméos plaisants, l'un avec Emmanuelle Devos, l'autre avec Valéria Golino.)
On a toutefois veillé à ce qu'aucune allusion ne soit faite à la religion musulmane. C'est à ce genre de détail qu'on réalise qu'il s'agit d'une satire de gôche. Néanmoins, je dois reconnaître que les scènes qui font évoluer les hommes en groupe sont particulièrement réussies. Il y a celle, quasi onirique, qui montre la réunion des prétendants, intégralement vêtus de blanc... et fiers de leur laisse, qu'ils espèrent voir choisie par l'héritière du trône.
Il y a aussi la manifestation devant le palais, bien tournée, où l'on retrouve l'un des personnages les plus équivoques de l'histoire : un parent du héros, qui monnayait auparavant ses charmes à ses nombreuses "cousines"... et qui fait partie de la Résistance. On sent que Michel Hazanavicius a pris plaisir à incarner ce rebelle au slip bien rembourré.
D'autres scènes, qui s'apparentent à des sketchs, sont bien vues, comme celles tournées dans l'épicerie. La première voit la fille de la propriétaire mater les jambes du héros quand il soulève son tchador pour extraire des billets de ses grandes chaussettes ! La seconde est plus sexuelle...
Cela aurait pu devenir la comédie satirique de ce début d'année, mais l'ensemble est mal fagoté. On a visiblement eu du mal à relier le tout et à faire durer l'histoire. Je n'ai pas non plus apprécié la novlangue utilisée dans ce royaume. De plus, si la musique (jouée à la guitare) est bonne, elle manque cruellement à certaines scènes, qui tombent à plat.
Si vous avez du temps à perdre et un peu d'indulgence, vous pouvez tenter l'aventure, pour la dizaine de bons moments que ce film contient.
23:14 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film
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