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dimanche, 25 mai 2014

Les Européens selon "Le Monde"

   Le quotidien "de référence" a justifié sa réputation ces dernières semaines, offrant à ses lecteurs une bonne couverture de la campagne des élections européennes et proposant une foule d'articles très utiles pour en comprendre les enjeux, aussi bien dans la rubrique "Europe" que dans la chronique des désormais incontournables "Décodeurs".

   Samedi, c'est un diaporama comparatif consacré aux populations des 28 pays membres qui a attiré mon attention. La deuxième diapositive traite de l'espérance de vie en bonne santé (à distinguer de l'espérance de vie tout court) :

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   Avec 62,6 ans, la France se situe dans le haut du panier, assez loin toutefois de Malte et de la Suède, mais au-dessus de la moyenne communautaire et même très au-dessus des pays baltes, de la Slovaquie et de la Slovénie.

   Ces chiffres sont toutefois à comparer avec ceux de l'espérance de vie à la naissance, qui est comprise entre 81 et 82 ans pour les Français (presque 79 ans pour les hommes et un peu moins de 86 ans pour les femmes). Vous en concluez comme moi que les 20 dernières années de la vie sont placées sous le signe de la maladie... 

   La troisième diapositive évoque la taille des Européens. Sans surprise, on lit que ceux du Sud sont plutôt petits, alors que ceux du Nord sont plutôt grands. Les Français (si l'on se fie à une étude de l'Institut français du textile) se trouvent entre les deux, autour de 170 cm de moyenne (hommes et femmes confondus).

   De la taille on passe au poids. De manière générale, c'est dans les pays d'Europe de l'Est et quelques-uns du Sud que le pourcentage d'obèses est le plus élevé. S'ajoute le Royaume-Uni, sorte d'enclave états-unienne au sein de l'Union européenne. Les Français s'en sortent très bien. Je suis par contre étonné que la proportion d'obèses soit plus élevée chez les femmes que chez les hommes. Cela semble contredire une étude de l'INED, qui montre que l'IMC des Françaises est plus bas que celui des Français. Les deux informations sont conciliables si, dans la population féminine, il y a peu de personnes avec un IMC moyen et beaucoup aux extrêmes.

   La quatrième diapositive traite du prix du paquet de cigarettes. On ne sera pas étonné de découvrir que c'est dans les pays de l'Est qu'il est le plus bas :

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   On pourrait être tenté de conclure que, dans les pays où le prix du paquet est élevé, l'espérance de vie en bonne santé est plus grande (et vice versa). Mais la Suède et Malte déjouent les statistiques. Un seul élément ne suffit pas à expliquer les écarts.

   Parmi les diapositives qui ont particulièrement retenu mon attention, il y a celle des productions agricoles :

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   Les lecteurs français seront peut-être surpris d'apprendre que l'Allemagne est le premier producteur de lait de vache et le Royaume-Uni celui de coquilles Saint-Jacques. Si les Polonais ont la patate, la situation des Grecs est plutôt "coton", alors que les Italiens font un tabac. Certains se réjouiront que les Allemands soient, une fois n'est pas coutume, dans les choux et, si les Français se font un max de blé, ce sont les Espagnols qui ont la pêche.

   Enfin, pour tordre le cou à quelques idées reçues, je conseille les neuvième et dixième diapositives. La première montre clairement que c'est dans les pays les plus pauvres de l'Union que le pourcentage de propriétaires est le plus élevé :

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   L'Espagne, outre le fait qu'elle connaisse une crise grave, paie les politiques à courte vue de ses dirigeants (de gauche comme de droite), qui ont tout misé sur l'essor du BTP et l'accession à la propriété. On note que le pourcentage de propriétaires est le plus faible dans les pays les plus développés de l'Union. Eh, oui : l'argent engagé dans l'accession à la propriété, s'il renforce la bonne santé d'un secteur de l'économie, manque aux autres et ampute sévèrement la consommation intérieure.

   Le second document est un histogramme des jours de congés annuels. On ne peut en tirer aucune conclusion définitive, et c'est ça qui est surprenant :

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   Ainsi, dans les pays les plus "paresseux", on trouve aussi bien des économies en bonne santé (comme celles de l'Autriche ou de la Suède) et des économies en crise (celles de la Grèce et de l'Espagne). A l'opposé du classement, parmi les moins "paresseux", on trouve aussi bien l'Allemagne et la Belgique que la Roumanie et la Lettonie. C'est un petit pavé dans la mare des spécialistes autodéclarés qui ne jurent que par la suppression de jours de congé pour augmenter la productivité du travail.

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