dimanche, 18 octobre 2015
Mort d'un journal aveyronnais ?
Dans le dernier numéro de l'hebdomadaire aveyronnais Le Ruthénois, on peut trouver un surprenant encadré, page 17 :
Cela confirme l'information publiée le mois dernier par un site professionnel :
Actuellement, la presse en général connaît d'assez grandes difficultés. Dans l'Aveyron, depuis 2015, les trois quotidiens (Centre Presse, Midi Libre et La Dépêche du Midi) font partie du même groupe (celui de La Dépêche). Par le passé, on a vu la disparition de plusieurs périodiques, comme Le Rouergat et L'Aveyronnais.
En mars 2010, j'avais salué la parution du nouvel hebdomadaire, à l'époque dirigé par Hugues Robert. En un peu plus de cinq ans, il a connu une histoire assez mouvementée. Dès août 2010, le directeur était viré. Il y avait sans doute conflit entre ce qu'il voulait faire du Ruthénois (un hebdomadaire irrévérencieux) et la recette plus classique que les propriétaires voulaient suivre (un journal d'infos locales voire ultralocales).
2013 fut une année charnière. Le journal ne rencontrant pas le succès escompté, la formule a été modifiée (en mai) et le personnel réduit. En juillet, l'hebdomadaire est devenu bimensuel. Mais on ne peut pas dire que la qualité n'ait pas été au rendez-vous. Le principal rédacteur, Benjamin Laumaillé, a tenté de concilier une plume un brin contestataire avec le cahier des charges qui lui était imposé. Il a levé quelques lièvres, notamment celui du candidat FN ayant tenu des propos antisémites.
Mais, à Rodez, la sauce n'a pas trop pris. De nos jours, le lectorat urbain se contente trop souvent de ce qu'il trouve gratuitement sur la Toile ou en médiathèque. De plus, Le Ruthénois ne dispose pas d'une zone de diffusion assez large. Il aurait peut-être fallu davantage axer les informations sur le rural périurbain, du côté de Salles-la-Source, Marcillac-Vallon, Moyrazès, Flavin, La Loubière voire Laissac.
Résultat ? A tout casser 2 000 exemplaires vendus chaque semaine (comme on l'apprend dans un article du Nouvel Economiste de 2013). Les (modestes) aides de l'Etat n'ont visiblement pas suffi. A ce sujet, on remarque, quand on consulte les chiffres fournis par le gouvernement, que Le Ruthénois n'était pas l'hebdomadaire le plus richement doté, alors qu'il était sans doute le plus en difficulté. En 2014 (comme en 2012 et 2013), c'est Le Journal de Millau qui a le plus touché (5 919, puis 6 064 et 6 367 euros). Le Villefranchois arrive en deuxième position, devant un trio dont la composition a évolué. En 2012 et 2013, il s'agit du Bulletin d'Espalion, du Progrès Saint-Affricain et du Ruthénois. Ils ont reçu 2 820 puis 2 940 euros. En 2014, Le Nouvel Hebdo a remplacé [dans la liste des bénéficiaires] l'hebdomadaire devenu quinzomadaire. Chacun des membres du trio a touché 3 125 euros.
A titre de comparaison, Le Tarn Libre a touché 8 478 euros en 2014, loin toutefois du Courrier Cauchois et de La Manche Libre, qui ont chacun bénéficié d'une obole de 31 250 euros !
A ceux qui ne connaîtraient pas bien Le Ruthénois, j'en conseille la lecture. Cette semaine, il est question (entre autres) des élections régionales qui approchent, du nouveau préfet de l'Aveyron, du recours du FN contre Jean-Claude Luche, de la création d'un site de traitement des déchets, de la gauche de la gauche etc. Je recommande le papier, assez caustique, sur la venue du secrétaire d'Etat aux sports !
01:57 Publié dans Presse | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : presse, médias, journalisme, actualités
Commentaires
J'ai écris durant un temps dans cet hebdo, et suis bien triste de le voir disparaître ainsi. Il passe à la postérité, et rentre dans la petite histoire de la presse aveyronnaise.
Au revoir Benjamin
Écrit par : Bénazeth | vendredi, 23 octobre 2015
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