Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

vendredi, 16 octobre 2015

Aferim !

   Le titre de cette coproduction tchéco-bulgaro-roumaine est une interjection turque, généralement traduite par "Bravo !". Vu les circonstances dans lesquelles elle est proférée, elle pourrait aussi être l'équivalent d'un "Dieu soit loué !" ou d'un "Inch Allah !"

   L'action se déroule en Roumanie (sans doute en Moldavie), en 1835, à une époque où les influences russe et ottomane s'entrechoquent dans cette partie des Balkans. Mais l'essentiel de l'intrigue traite des relations de la population orthodoxe avec les Roms, nommés ici Tziganes. On notera aussi le statut inférieur des femmes, épouses trompées, prostituées, concubines plus ou moins forcées.

   C'est d'abord un superbe noir et blanc, qui m'a, par instants, rappelé Heimat. L'image est souvent très belle, surtout dans les scènes nocturnes. On a aussi visiblement bien travaillé les décors.

cinéma,cinema,film,films

   On a beaucoup parlé des dialogues, truculents, mais dont on ne perçoit toutefois pas toute la saveur : faute de comprendre le roumain, on doit se contenter des sous-titres. Je recommande quand même l'une des séquences du début, faisant intervenir un pope très intolérant, qui tient des propos dont la cohérence intellectuelle n'est pas la première qualité...

   Nous voilà en compagnie d'une sorte de gendarme et de son assistant de fils, partis à la recherche d'un Rom qui, en plus d'être un esclave en fuite, a contre lui d'avoir copulé avec l'épouse légitime du potentat local.

   J'ai eu du mal à rentrer dans le film. L'intrigue met du temps à se mettre en place et les dialogues, aussi savoureux soient-ils (parfois), semblent placés là pour faire couleur locale. Heureusement, il y a les images et les détails de certains plans, que l'auteur a construits avec soin.

   Inexplicablement (pour moi), cela bascule dans la seconde moitié de l'histoire. A partir du moment où les gardes ont capturé le Rom, cela devient captivant. On comprend mieux le foisonnement des conditions sociales, en particulier la situation extrêmement précaire des Roms, victimes d'un esclavage organisé. (Le scénario est assez subtil pour suggérer qu'ils exercent aussi une sorte de fascination sur les autres habitants de la région.)

   Mais, ce sont toutes les catégories populaires qui souffrent. La perversité du système archaïque en place à l'époque est de monter les groupes (voire les individus) les uns contre les autres, pour le plus grand profit des dominants. Et l'on finit par se dire qu'à travers cette époque révolue, le réalisateur Radu Jude pointe discrètement certains travers du XXIe siècle.

21:58 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

Les commentaires sont fermés.