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dimanche, 03 avril 2016

La Passion d'Augustine

   Les religieuses sont à l'honneur sur le grand écran, ces temps derniers. A ceux qui ne l'auraient pas encore vue, on peut conseiller de se précipiter à une projection des Innocentes, une excellente coproduction franco-polonaise. Ici, il s'agit d'une histoire québécoise, dont l'action se situe dans les années 1960, après le concile Vatican II. Les héroïnes sont les religieuses et les adolescentes d'un couvent réputé pour sa formation musicale, une orientation choisie jadis par la nouvelle mère, soeur Augustine, incarnée avec talent par Céline Bonnier.

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   La caméra s'attarde donc sur ces enseignantes et travailleuses du couvent, aux personnalités affirmées. Il y a bien sûr Augustine, dont la passion mêlée de rigorisme pour la musique masque un passé trouble. Il y a soeur Lise, plus pète-sec et traditionaliste... et donc l'objet des moqueries des élèves les plus rebelles. Il y aussi une soeur syndicaliste (la meilleure amie d'Augustine), une autre un peu farfelue (particulièrement bonne dans la scène de jeu de ballon et celle du cirage du parquet !), une autre cuisinière perfectible etc. Cela compose un tableau assez pittoresque de femmes finalement assez modernes pour leur époque... au contraire de la nouvelle mère supérieure de l'ordre auquel elles appartiennent.

   Cela nous mène aux menaces qui pèsent sur le couvent. Les plus sérieuses viennent apparemment du gouvernement laïc, prêt à investir dans l'enseignement public et donc désireux de récupérer certains élèves... notamment les jeunes filles. Mais, au cours de l'histoire, on découvre qu'il y a matière à négociations... La direction de l'ordre du Sacré-Coeur ne semble pas aussi flexible. Le couvent dirigé par Augustine est un peu trop hors-normes et l'héroïne est elle-même perçue comme un électron libre, que l'on veut soumettre. Les difficultés financières de l'ordre vont être le prétexte à une reprise en mains.

   Le salut pourrait venir des parents d'élèves, certains très fortunés (et influents). Le couvent mêle toutefois des publics divers, certaines filles étant d'origine modeste, souvent issues de familles nombreuses et croyantes, sur lesquelles pèse une juridiction inflexible, l'avortement étant considéré comme un crime. (Ce fut le cas jusqu'en 1988.)

   L'intrigue met ainsi au premier plan tour à tour les religieuses et les adolescentes, elles aussi très bien interprétées. On a beaucoup parlé de Lysandre Ménard, pianiste exceptionnelle que l'on voit à l'oeuvre, comme ses camarades, sans aucun trucage. C'est la force de ce film que d'insérer dans l'histoire des morceaux de musique classique, dont les airs sont connus du grand public, même s'il ne sait pas toujours mettre un nom ou un titre sur chaque morceau.

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   Et puis il y a les affres de l'adolescence. Ces jeunes femmes ont entre 15 et 18 ans. Elles sentent que leur corps change. Elles sont attirées par les garçons, qu'elles croisent à de rares occasions, notamment à la messe, où l'on voit officier un curé qui aurait pu figurer dans La Vie est un long fleuve tranquille. L'arrivée d'Alice sert de détonateur : la rebelle talentueuse apporte une bouffée d'air frais dans l'internat-caserne, contribuant à épanouir le vilain petit canard du groupe, une brune complexée qui bégaie. Cette dernière est jouée par une jeune actrice remarquable, souvent drôle ne serait-ce que par les expressions de son visage... et qui nous réserve une belle surprise (chantée) dans la dernière partie du film.

   Bref, j'ai été emballé par ce film qui ne rentre dans aucune case... et c'est très bien ainsi !

   P.S.

   Pour en savoir plus, on peut lire le dossier de presse mis en ligne par le distributeur KMBO.

16:32 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

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