Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

samedi, 12 mars 2016

Les Innocentes

   Anne Fontaine est une réalisatrice au style particulier. Je l'avais découverte dans les années 1990, avec l'étonnant Augustin (sur un jeune homme quasi autiste). Dix ans plus tard, j'avais pu constater que son talent s'était affiné avec Entre ses mains (avec Isabelle Carré et Benoît Poelvoorde). Dans Les Innocentes, elle s'attaque à un sujet délicat (et méconnu) : le viol de religieuses polonaises par les soldats de l'Armée rouge, à la fin de la Seconde guerre mondiale... et les conséquences.

   Cette coproduction franco-polonaise repose sur d'excellentes actrices (surtout polonaises). Celles qui incarnent les nonnes, enceintes ou pas, sont vraiment criantes de vérité. Elles font croire à leur personnage et elles nous font toucher du doigt le dilemme de ces jeunes femmes, vouées pour la plupart à la virginité et qui, non seulement ont perdu celle-ci, mais se retrouvent mères. Impressionnantes sont les scènes d'accouchement, dans lesquelles s'illustre aussi Lou de Laâge, la soignante française athée et sans doute communiste qui va se prendre d'affection pour ces incarnations d'une société conservatrice.

   Par contre, j'ai été moins convaincu par la prestation de Vincent Macaigne, pas totalement crédible en médecin juif revenu de tout. Ce personnage a au moins le mérite d'introduire un peu de rugosité dans une intrigue qui serait sinon un peu trop prévisible. On n'a pas cherché à en faire une victime, alors qu'il a perdu presque toute sa famille dans le génocide, et l'on découvre peu à peu que derrière le mec cynique se cache un homme sensible, capable d'altruisme.

   Les moments les plus forts n'en restent pas moins ceux tournés dans le couvent, un lieu éminemment cinématographique, dont la réalisatrice a su tirer pleinement parti. Dans la réalité, l'Eglise polonaise n'ayant pas autorisé le tournage dans un véritable couvent, c'est un monastère désaffecté qui a servi de cadre à cette histoire. (Les bénédictines polonaises ont d'ailleurs mal accueilli la sortie du film.) Par la rigueur de son cadrage et l'intensité qui se dégage de certaines scènes, Les Innocentes n'est pas sans rappeler Ida, l'un des éblouissements de l'année 2014 (et Oscar mérité du meilleur film étranger en 2015).

   Le résultat est une oeuvre poignante, faite d'amour et de rage, dans laquelle l'aspect documentaire finit par passer au second plan. On est captivé par cette aventure de femmes, jeunes et moins jeunes, polonaises et françaises.

   P.S.

   Les Polonaises ne sont pas les seules à avoir subi des viols massifs à cette époque. Les Allemandes en ont été tout autant victimes (par les soldats de l'Armée rouge). Sur le front Ouest, les GI n'ont pas été irréprochables non plus, même si, de ce côté, les crimes n'ont pas eu un aspect aussi systématique que dans les territoires "libérés" par les troupes soviétiques.

10:35 Publié dans Cinéma, Histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

Les commentaires sont fermés.