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mardi, 30 octobre 2018

L'Amour flou

   Ce faux documentaire est une autofiction tragi-comique, s'appuyant sur des situations vécues, d'autres inventées. A la base, il est question de la séparation du couple formé par Romane Bohringer et Philippe Rebbot. On ne présente plus la fille de Richard, qui connut son heure de gloire dans les années 1990. Son ex-compagnon est pour beaucoup un quasi-inconnu, alors que son visage est apparu dans quantité de films/séries, au titre de second, troisième rôle voire de figurant.

   Nos deux lascars font preuve d'une incontestable autodérision. Au niveau professionnel, Rebbot ne cache pas que, bien qu'étant acteur, il vit dans l'ombre, tandis que Bohringer travaille régulièrement, mais plutôt désormais dans des productions assez confidentielles.

   La présentation de l'univers familial mérite aussi le détour. Rebbot est le portrait craché de son père (sur le plan physique), qui n'en désapprouve pas moins la rupture avec Romane, une femme qui a la tête sur les épaules... parce que, autant le dire tout de suite, si vous n'aimez pas le genre "intermittent du spectacle paresseux et gauchisant", le principal personnage masculin risque de sérieusement vous agacer ! Chez les Bohringer, la manière dont Romane choisit de gérer la rupture provoque, dans un premier temps, l'incompréhension. On se croirait (presque) dans une comédie italienne.

   C'est précisément dans la gestion de la rupture que le film fait preuve d'originalité : les anciens amoureux vont emménager dans un appartement double "expérimental" : les logements des parents sont quasi voisins, communiquant par l'intermédiaire de la chambre des enfants, située en position médiane. Evidemment, cela donne lieu à nombre de situations cocasses, les adultes rivalisant d'attentions pour attirer la progéniture de leur côté... Toutefois, ce n'est pas l'aigreur qui domine cette séparation. Les parents se veulent progressistes, mûrs... mais, parfois, le ressentiment l'emporte et l'on se dit franchement (voire méchamment) ses quatre vérités.

   Les autres bons moments de comédie sont liés aux tentatives de chacun pour vivre sa vie de son côté. Rebbot est pathétique dans sa quête de la jeunesse perdue. Bohringer a elle aussi envie de croquer de la chair fraîche. Elle découvre que, bien que superbement gaulée à 44 ans, la route est longue dans la quête d'un nouveau partenaire. J'ai trouvé particulièrement savoureuse la mise en scène des fantasmes féminins...

   Signalons que c'est très correctement filmé, avec un indéniable sens du rythme. On sent aussi une immense tendresse, principalement envers les enfants, mais aussi envers la famille et l'autre, l'ex, si irritant(e) parfois, mais avec lequel (laquelle) on a partagé tellement de choses.

   Même si tout n'est pas parfaitement réussi, je recommande chaudement cette comédie atypique, rafraîchissante.