vendredi, 24 juillet 2020
Madre
C'est le nouveau film de Rodrigo Sorogoyen, auquel on doit El Reino et Que Dios nos perdone. Il est centré sur le personnage d'une mère (divorcée), d'abord à trente ans, puis à quarante. La trame de l'histoire se découpe en quatre parties.
La première se déroule dans le passé, dans l'appartement d'Elena (Marta Nieto, for-mi-da-ble). C'est un triple tour de force : il s'agit d'abord, sauf erreur de ma part, d'un seul plan-séquence virtuose. De plus, la tension est créée par une simple conversation téléphonique et le talent d'une comédienne (dont le débit est proche de celui d'une mitraillette), qui incarne à la perfection une mère que la disparition de son fils (que l'on suit en temps réel, par téléphone interposé) va bouleverser.
On retrouve l'héroïne dix ans plus tard, sans doute dans les Pyrénées-Atlantiques. L'Espagnole a tout plaqué pour refaire sa vie côté français. Elle gère un bar-restaurant proche d'une plage, celle qu'elle pense être le lieu de la disparition de son fils, qui n'a jamais été résolue. D'un côté elle semble avoir trouvé un équilibre dans sa seconde vie (ainsi qu'un nouveau compagnon, très compréhensif), de l'autre on la sent encore secrètement traumatisée. Elle est d'une maigreur effrayante et mange si peu...
Tout bascule quand elle croise un groupe d'apprentis-surfeurs, parmi lesquels se trouve un adolescent de seize ans qui lui rappelle son fils. Est-elle en train de devenir dingue ? Est-ce le supposé instinct maternel qui parle (et ne trompe pas) ? Cette deuxième partie est d'autant plus passionnante que le personnage de l'adolescent est fouillé. C'est un jeune homme intelligent et sensible, que celle qu'on surnomme parfois "la folle de la plage" intrigue.
Hélas, cela se gâte par la suite. La troisième partie subit un sacré coup de mou. Le pire est atteint dans la séquence de la soirée en boîte, particulièrement malsaine (et pas du tout raccord au niveau du comportement de l'héroïne).
La dernière partie fait remonter l'intérêt. L'action prend presque la forme d'un thriller. Même si je n'ai pas aimé la fin, je trouve que cette histoire, telle qu'elle nous est contée, mérite le détour.
23:52 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : cinéma, cinema, film, films