jeudi, 23 juillet 2020
Lands of Murders
L'été est devenu une terre de cinéphilie : on profite de la "basse saison" pour sortir de petits thrillers du style Exit, ou des polars étrangers comme Rojo (en 2018), Le Caire confidentiel et Que dios nos perdone (en 2017) ou encore La Isla minima (en 2015).
C'est l'intrigue de ce dernier film qui a inspiré Lands of Murders. Le contexte a été modifié : l'Espagne post-franquiste a été remplacée par l'Allemagne d'après la chute du Mur, au tout début des années 1990. Les méandres de la rivière Neisse succèdent aux marécages du Guadalquivir.
Deux adolescentes d'origine ouvrière ont disparu. Deux enquêteurs sont envoyés du Nord, un de Hambourg, l'autre de Rostock. Le premier (Patrick) est plus jeune, plus svelte, plus respectueux des règles et plus cérébral. Le second (Markus) est visiblement un ancien de la Stasi, qui connaît bien le terrain et travaille "à l'ancienne" (avec alcool et bourre-pif). C'est un type massif, dont l'apparente rugosité masque une certaine subtilité. C'est en outre un remarquable dessinateur. Dans le rôle, Felix Kramer est une révélation. Il apporte un plus par rapport à la version espagnole, où les acteurs n'étaient pourtant pas manchots.
L'autre intérêt de la transposition est le contexte est-allemand, celui de la transition entre une société corsetée par l'Etat-parti (unique) et une société libérale, avec ses inégalités. Entre la misère sociale, la drogue et la prostitution, le tableau ne manque pas de noirceur. Vient s'ajouter la présence d'un tueur en série. Clairement, c'est poisseux... mais bigrement bien fait.
Au talent des acteurs s'ajoute la mise en scène, qui plombe l'ambiance... avec style. Je n'ai pas revu La Isla minima depuis sa sortie en salles, mais je suis persuadé que certains plans (notamment aériens, ou de poursuite en voiture) sont décalqués du film d'origine.
Cela n'enlève rien aux qualités de la version allemande, d'une beauté dégueulasse...
20:31 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : cinéma, cinema, film, films