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samedi, 08 août 2020

Dawson City

   Cette ville canadienne, située à proximité de l'Alaska, est née de la ruée vers l'or de l'extrême fin du XIXe siècle. Elle est située à la confluence de la rivière Klondike et du fleuve Yukon.

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   Ce passé pionner a été ressuscité grâce à la découverte de centaines de bobines de film, lors de travaux publics, à la fin des années 1970. Au cours du documentaire, on apprend que ces trésors avaient été stockés dans l'ancienne piscine du centre communal, piscine qui, à l'origine, était surmontée d'une patinoire. Une salle de projection se trouvait juste à côté.

   Ces bobines étaient très fragiles. Elles avaient été conçues en nitrate de cellulose, particulièrement inflammable, à tel point que, lorsque des gamins étaient tombés par hasard sur certaines d'entre elles, en 1938, un avis avait été publié pour dissuader les habitants d'y toucher. D'ailleurs, la majorité des films qui étaient entreposés à Dawson City (située en fin de parcours d'exploitation des oeuvres) a été détruite dans des incendies, qu'ils soient accidentels ou volontaires (allumés pour éliminer un stock jugé inutile).

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   Grâce à un important travail de restauration (qui a pris des années et n'est toujours pas terminé), c'est un demi-siècle d'existence d'une ville qui nous est proposé. Jusqu'à la Seconde Guerre mondiale, ce sont principalement des extraits des films trouvés à Dawson qui servent d'illustration. Ils sont complétés par de vieilles photographies et des actualités Pathé, Universal ou du gouvernement britannique. Pour la partie postérieure à la guerre, d'autres sources sont mises à contribution.

   Grâce à toutes ces oeuvres, on découvre une ville minière en croissance, construite principalement en bois... et donc victime de fréquents incendies. La rapidité avec laquelle certains bâtiments ont été reconstruits est stupéfiante, tout comme l'obstination de certains habitants, et leur résilience. La plupart sont arrivés là par appât du gain... et en sont souvent aussi repartis pour la même raison (la découverte d'un nouveau gisement ailleurs, au Canada ou en Alaska proche).

   La construction du film est très rigoureuse. Chaque extrait qui nous est présenté est nommé et daté. J'ai aussi apprécié le principal procédé de mise en scène : la juxtaposition d'extraits de fictions (issus des bobines retrouvées à Dawson) avec la narration. Ainsi, quand il est question du déplacement du stock de bobines d'une annexe d'une banque vers le centre communal, à l'écran, on nous projette une scène de déménagement (qui n'a rien à voir avec les bobines, mais c'est l'idée qui compte). De même, quand il est question d'un incendie, on voit un feu à l'écran... ou un autre incendie, qui s'est déroulé ailleurs, comme celui qui a frappé les studios Solax (situés dans le New Jersey), en 1919. A cette occasion, le rôle joué par la Française Alice Guy dans les premiers temps du "cinématographe" est rappelé.

   D'autres pionniers apparaissent à l'écran : les frères Lumière, notamment dans une courte scène rarement montrée. (A celles et ceux qui voudraient en savoir plus, je ne peux que conseiller de regarder Lumière ! L'aventure commence.)

   Très vite, la ville minière a grossi, atteignant même les 40 000 habitants. Les casinos y étaient rois. On y buvait aussi force alcool. Notons que de nombreuses images datent des années 1910-1920, qui semblent avoir été mieux épargnées par le temps. Les oeuvres datant des débuts du parlant (dans les années 1930) sont plus rares. La période postérieure à la Seconde Guerre mondiale est plutôt celle du déclin pour la ville. Le documentaire s'attarde moins dessus, préférant se concentrer sur la redécouverte des films. Cela nous vaut quelques entretiens avec certains des acteurs du sauvetage, deux d'entre eux ayant fini par se marier !

   Cela vous donne une idée de la richesse de ce film, une véritable pépite à savourer en salle climatisée !