mardi, 07 février 2017
La Grande Muraille
Cette coproduction américano-chinoise vise le plus large public possible... avec, en priorité, les nombreux spectateurs des Etats-Unis et de Chine. Le cadre principal de l'action est l'un des monuments emblématiques de la Chine (et du patrimoine mondial). Par contre, l'intrigue, loin de s'inspirer d'événements historiques, s'appuie sur une légende. C'est une sorte de mélange de film en costumes chinois et de Seigneur des anneaux, avec une pincée de Kingdom of Heaven.
Le propos est éminemment politique. Il montre que, face à une gigantesque menace (les animaux incarnant la barbarie, qui pourrait être celle du djihadisme), Occidentaux et Orientaux doivent unir leurs forces pour triompher. Accessoirement, au-delà de leurs différences, les braves de chaque camp ont plus de points communs qu'ils ne le croient.
Du côté des Orientaux, on identifie bien les Chinois (les peuplades mongoles étant présentées comme sous-développées). C'est l'époque de la dynastie Song, qui a vu l'invention de la poudre à canon et du principe de la boussole, entre autres. (Accessoirement, le public non cultivé apprendra qu'au Moyen Age, c'était la civilisation chinoise qui était la plus avancée.) Du côté des Occidentaux, c'est plus ambigu : Matt Damon incarne un chevalier anglais (qui s'est battu pour l'un des rois nommés Harold, qui vécurent tous deux au XIe siècle)... mais c'est incontestablement un Américain. Au niveau du scénario, on a joué sur cette double identité. Au plan symbolique, le film met en scène une hypothétique alliance sino-américaine, mais il pourrait aussi se comprendre comme la dénonciation de la perte de certaines valeurs par les Européens (risque qui menace aussi les Chinois).
Mais on peut très bien s'émanciper de ce sous-texte et se contenter de profiter du spectacle. La photographie est superbe, très colorée, et les effets spéciaux au poil. Signalons que Lucasfilm (à travers notamment sa filiale Skywalker Sound) y a apporté sa touche... en compagnie d'une brochette de contributeurs, tchèques, indiens et même français.
Les acteurs sont bons, ne surjouent guère. Le public a aussi l'occasion de découvrir une ravissante actrice chinoise, Jing Tian, à laquelle l'armure bleue sied à merveille... et que sa coiffure extravagante ne gêne nullement au combat !
Ce film est donc à classer dans la catégorie "divertissement grand public". C'est joli à regarder, romanesque à souhaits, sans prise de tête. Cela ne va pas changer l'histoire du cinéma, mais on passe un bon moment.
22:15 Publié dans Chine, Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, filmd