mardi, 15 mai 2018
PropaGaza
L'approche du soixante-dixième anniversaire de la (re)création d'Israël a incité les dirigeants palestiniens (notamment ceux du Hamas, le mouvement islamiste qui domine la bande de Gaza) à accentuer les manifestations contre l'Etat hébreu.
Parmi les revendications, il y a celle du "droit au retour" des réfugiés palestiniens, qui ont quitté la partie de la Palestine conquise par les sionistes au cours de la guerre de 1948-1949 (en hachures sur la carte ci-dessous).
Un premier problème surgit quand on recherche une estimation fiable du nombre de ces réfugiés. Les historiens sérieux avancent des chiffres de 700 à 800 000 réfugiés... mais, dans les médias français (comme Le Monde), on peut lire des estimations bien plus élevées, de l'ordre de 5 à 6 millions. D'où vient l'écart ? Pas vraiment de l'ajout d'une seconde vague de réfugiés, celle de 1967. Plutôt du fait que, pour les journalistes (et les associations palestinophiles), il faut inclure dans la liste les enfants, petits-enfants, neveux, nièces des réfugiés, alors qu'ils n'ont jamais mis les pieds sur la terre où ils sont censés "retourner" !
D'autre part, une polémique récurrente agite les connaisseurs du dossier, concernant la cause de la fuite des Palestiniens en 1948-1949. Certains sont partis de leur plein gré (ou ont placé leur famille à l'étranger), quand ils ont compris que la situation se dégradait sur place. D'autres ont fui pendant le conflit, par peur d'être tués. D'autres enfin ont été chassés par les forces armées sionistes, qui ont détruit plusieurs villages. A ma connaissance, aucune étude sérieuse n'a été faite pour déterminer la part de chaque motivation. On en reste donc au niveau des accusations et des anathèmes. (Pour la petite histoire, j'ajoute qu'au cours du conflit de 1948-1949, à deux reprises, le principal dirigeant sioniste, David ben Gourion, a proposé d'accepter le retour d'une partie des réfugiés, 100 000 puis 200 000... des propositions sèchement refusées par des dirigeants arabes adeptes alors du tout ou rien et qui n'avaient pour objectif que foutre tous les juifs à la mer...)
En dépit de l'aspect épidermique du sujet, je pense que, si des négociations sérieuses s'engagent un jour, un compromis pourra être trouvé entre les deux parties, pour peu que chacun y mette du sien, comme on avait pu le constater, en 2003, lors de la signature (informelle) des Accords de Genève. (Cette époque apparaît si lointaine, à présent...)
Mais revenons à nos moutons. Les "marches du grand retour" sont une opération de propagande du Hamas, qui poursuit plusieurs buts. D'abord, je pense qu'il cherche à torpiller la célébration, par Israël, du 70e anniversaire. De manière plus hypocrite, les dirigeants islamistes essaient de détourner la colère et les frustrations de la population gazaouie (dont ils sont en partie responsables) contre les méchants Israéliens, accusés de tous les péchés. Il est vrai que la bande de Gaza est en train de devenir une enceinte de confinement de la population palestinienne : 2 millions de personnes (pour beaucoup au chômage) s'entassent sur un territoire grand comme deux fois Rodez agglomération, soit une densité de plus de 5000 hab/km² !
Enfin, avec la complicité de médias incultes et complaisants, le Hamas cherche à faire porter le chapeau des violences à l'armée israélienne. La bande de Gaza est entourée, au niveau de ses frontières terrestres (avec Israël), par une barrière de sécurité, qui prend souvent la forme d'une simple clôture, comme ici :
Au passage, cette crise aura eu au moins le mérite, par les images qu'elle a contribué à diffuser, de faire comprendre que le gouvernement israélien n'avait pas encerclé la bande de Gaza par un gigantesque mur hermétique. Trop d'exagération tue l'exagération...
Cette clôture/barrière de sécurité a pour objectif de protéger les habitants des villages israéliens proches de toute agression palestinienne. C'est le cas notamment du kibboutz Nahal Oz (encadré en bleu), situé à (presque) un jet de pierre de la frontière (soulignée en rouge):
Dresser la liste des avanies que les habitants de cette localité ont subies depuis des années nécessiterait la rédaction de plusieurs dizaines de billets. Limitons-nous aux dernières années, qui ont vu les Israéliens essuyer des attaques de roquettes et des Palestiniens s'infiltrer de l'autre côté de la clôture, grâce à de petits tunnels. (La dernière tentative -qui a avorté- remonte au 3 mai !) Les Français sont hélas désormais très au fait des ravages qu'un extrémiste armé d'un grand couteau peut provoquer...
Tout récemment, c'est d'une autre joyeuseté que les Palestiniens de Gaza ont gratifié leurs voisins israéliens : des cerfs-volants et des ballons incendiaires, qui ont provoqué d'importants dégâts, notamment à Kfar Aza, voisin du kibboutz Nahal Oz :
Voilà pourquoi les soldats israéliens ont reçu l'ordre d'empêcher les Palestiniens d'approcher de la clôture de sécurité. Ces derniers jours, à l'incitation du Hamas (qui aurait promis de les payer pour ça !) plusieurs milliers d'entre eux se sont dirigés vers la frontière la plus proche des villages israéliens. Une fois la clôture franchie, qu'aurait fait cette foule de manifestants en arrivant dans la localité israélienne ? Vu les récents "incidents", l'armée ne pouvait pas prendre de risque. De surcroît (ce que nombre de médias français se sont gardés de préciser), les dirigeants palestiniens ont été avertis que les personnes qui s'approcheraient de la frontière risquaient fort d'être la cible des tireurs d'élite. Enfin (un élément là encore très souvent tu par les médias français), avant de tirer à balles réelles, les soldats israéliens ont envoyé des grenades lacrymogènes. Même si je suis d'accord avec le fait que ces nombreuses morts civiles sont inacceptables, que venaient faire à cet endroit dangereux des adultes avec des enfants, sinon passer pour des martyrs (et, peut-être, empocher le plus de primes possible du Hamas) ?
22:32 Publié dans Politique étrangère, Proche-Orient | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : actualité, politique, politique étrangère, presse, médias, géopolitique, proche orient