lundi, 26 juin 2006
Sophie Scholl
Un film épatant, consacré à un mouvement (allemand) d'opposition au nazisme, la Rose blanche, vu au travers de l'un des membres, incarné de manière stupéfiante par une actrice, Julia Jentsch, qui ressemble parfaitement à l'image que je m'étais faite de la vraie Sophie Scholl (jusqu'à la coupe de cheveux pas vraiment "tendance", fidèle à la photographie la plus connue du personnage) : sa démarche, ses vêtements (d'époque), même sa manière de s'exprimer, sont criants de vérité. L'actrice réussit la performance de rendre très séduisante cette intellectuelle croyante. Le film nous la présente d'abord comme une jeune femme plutôt effacée par rapport aux hommes du groupe, mais très déterminée au fond. Ce n'est que dans la deuxième partie du film que ses convictions religieuses et politiques sont mises en valeur.
Ce long métrage témoigne aussi de la manière dont les Allemands se représentent le nazisme. Il vient après "La Chute", davantage consacré à Hitler lui. Ici, il s'agit de défendre la démocratie libérale, intimement liée à la liberté religieuse. Je reprocherais peut-être au film de ne présenter le christianisme que comme une source de résistance au nazisme. Sophie Scholl était protestante et, si certains opposants très connus au nazisme (Martin Niemöller par exemple) étaient des figures du protestantisme, il est aussi indéniable qu'une bonne partie de l'encadrement (et des fidèles...) s'est ralliée allègrement au régime. L'attitude de l’Église catholique n'a pas été des plus claires non plus. Toutefois, le fait que le film présente ces étudiants comme la mauvaise conscience de l'Allemagne y fait un peu écho : ils rappellent à ces adultes bardés de certitudes nationalistes (et fanatiques pour certains d'entre eux, rares si l'on se fie au film, un peu trop optimiste sans doute...) que l'Allemagne a perdu son honneur dans l'aventure nationale-socialiste.
D'un point de vue formel, quelques scènes sont magnifiques : celles tournées dans la cellule que Sophie partage avec une détenue communiste, où un halo de lumière enveloppe humains et objets, celles qui voient Sophie affronter verbalement l'enquêteur, un nazi fanatique qui voudrait malgré tout sauver cette jeune femme en qui il voit une personne de qualité. La séquence finale est d'une beauté froide, évoquant avec une grande économie de moyens le courage de ces jeunes, en particulier celui de Sophie, qui a choisi de mourir plutôt que de se renier.
Il y a une dizaine d'années, j'avais trouvé un petit livre qui reproduisait les tracts de la Rose blanche :
Éditions de Minuit (55 francs à l'époque).
17:25 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma
Les commentaires sont fermés.