vendredi, 24 novembre 2006
Les fragments d'Antonin
Il s'agit des traumatisés de guerre, de la Première guerre mondiale. A l'époque, la médecine militaire est encore balbutiante : on considère qu'une vraie blessure se voit physiquement, à l'intérieur ou à l'extérieur. Ce n'est pas tout à fait filmé comme les autres films de guerre, qu'ils soient français ou américains. On a droit à quelques procédés classiques, au premier rang desquels le retour en arrière, en particulier quand il s'agit d'évoquer les tranchées (belle séquence que celle qui voit l'attaque aux gaz et qui finit en "baïonnettage" virulent). Mais l'essentiel est ailleurs : dans la tête d'Antonin (et des autres soldats).
Le grand talent du film est de nous donner une idée de ce qui se passe dans la tête du héros. C'est dû à la réalisation, assez dépouillée, au talent des acteurs (en particulier Grégori Derangère... mais Anouk Grinberg est vraiment géniale, tout comme Aurélien Recoing... rappelez-vous L'Emploi du temps de Cantet) et à l'utilisation de films réellement tournés après le conflit par des médecins. Ils constituent le générique de début et nous plongent littéralement dans le sujet, d'autant plus que certaines scènes de fiction proposées par la suite sont tournées de manière à rappeler cette introduction.
Il reste qu'à force de nous présenter des films qui montrent à quel point la guerre c'est pas beau (ce qui est fort louable, j'en conviens, surtout si, en plus, on découvre un pan méconnu de notre histoire), les spectateurs risquent de ne plus comprendre comment il se fait que des millions de gens aient pu supporter (d'une manière ou d'une autre) cette horreur pendant plus de 4 ans. De ce point de vue, le film de Jeunet Un long dimanche de fiançailles, bien que tiré d'un roman, est plus évocateur qu' Antonin ou encore Joyeux Noël (produit culturel -bien ficelé- politiquement correct). Il faudrait que je revoie Les Croix de bois, très ancien film adapté du roman de Dorgelès : dans mon souvenir, c'était criant de vérité sur la vie dans les tranchées.
23:35 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma
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