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samedi, 16 février 2008

Lust, caution

   Ang Lee a dû visionner un paquet de films français et ricains des années 1940-1960. Il en restitue ici l'ambiance, adaptée aux moeurs chinoises. C'est une sorte de calque des films consacrés à la Résistance française ou à l'espionnage durant la "guerre froide". Ici, il est question de la résistance chinoise (non communiste) à l'envahisseur japonais et à ses collabos.

   On a soigné l'emballage : l'image est léchée. C'est très chic, trop parfois. On n'a pas résisté à la tentation du glamour.

   L'interprétation est excellente, ce qui fait qu'on y croit, qu'on se laisse porter par cette intrigue, pas si longue que cela finalement. Les scènes qui ont tant choqué les pudibonds chinois ne cassent pas trois pattes à un unijambiste... encore que... il faudra attendre la sortie du dévédé et pratiquer quelques arrêts sur image pour bien vérifier si, entre deux scènes "classiques", qui montrent deux corps nus collés l'un à l'autre (parfois dans des positions acrobatiques... tout cela est d'un fatigant !), ne se serait pas glissée une brève image un peu plus osée...

   Ceci dit, au-delà de la provocation facile, ces scènes se justifient parfaitement. Elles sont là pour faire toucher du doigt (ne me demandez pas lequel) le trouble qui gagne l'héroïne qui, découvrant le plaisir physique, sent tressaillir la flamme de la mission qui l'habite. De la même manière, le très maîtrisé M. Yee (Tony Leung excellent), toujours dominateur, perd toutefois un peu le contrôle de la situation. De ce point de vue, la représentation du sexe reste à la limite du misogyne. Cela semble d'ailleurs avoir déplu à deux spectatrices (des étudiantes sans doute, une exception dans le public clairsemé essentiellement constitué de personnes âgées) de la salle où je me trouvais : elles ont quitté les lieux après la première scène de nu (la plus "dure").

   Sur le fond, Le film est un peu nauséabond. Si'il est fait clairement allusion à la domination japonaise, rien n'est montré de son inhumanité, ni de celle des collaborateurs. Les tortures pratiquées sur les résistants sont mentionnés mais, comme nous sommes au cinéma, c'est de qui passe à l'écran qui compte. Or ces collaborateurs sont à peine égratignés, en particulier M. Yee. Ce sont plutôt les résistants "tchang kai-shekistes" qui sont dépeints comme des imbéciles, des lâches voire des salauds. Est-ce pour complaire à la censure chinoise qu'Ang Lee les a chargés ? Cela expliquerait l'absence totale d'allusion à l'autre résistance anti-japonaise, celle des communistes de Mao. Cela évite bien des questionnements, en particulier celui-ci : la poursuite de la guerre civile chinoise pendant la première partie de l'invasion japonaise. Le film procède à trop de simplifications, sauf au niveau du mah-jong (illustré par une savoureuse brochette d'actrices), qu'un pauvre Occidental comme moi doit s'efforcer de comprendre sans y être vraiment aidé par la mise en scène.

22:20 Publié dans Chine, Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinema

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