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vendredi, 11 septembre 2009

Brüno

   Sacha Baron Cohen est de retour. Cette fois-ci, au lieu d'incarner un Kazakh machiste et antisémite (le délicieux Borat), il s'est mis dans la peau d'un homosexuel à paillettes, prétendûment autrichien (d'où les références délicates à ses deux concitoyens les plus célèbres au monde... l'un est encore en vie, l'autre, bien que décédé, fait encore beaucoup parler de lui...).

   C'est très laborieux au début. Déjà que je n'ai eu aucune envie d'aller voir des daubes genre People ou Jet set, ce n'est pas pour qu'on me refourgue la même camelote en douce ! C'est peut-être l'une des limites du film : au-delà de la gaudriole et de la dénonciation des travers de ses contemporains, Cohen semble tout de même éprouver de la fascination pour son personnage.

   Cela démarre vraiment quand on nous montre par le menu détail le contenu des relations qu'entretient Brüno avec son "mignon"... jubilatoire ! Mais notre héros se fait larguer et il débarque aux Etats-Unis, suivi de l'assistant de son ancien assistant, fou amoureux de lui... et, accessoirement, caricature de l'homo admiratif moche. La séquence qui voit Paula Abdul (ancienne danseuse, ancienne chanteuse qui a connu son heure de gloire -assez brève) se faire interroger sur son action caritative, assise sur un ouvrier mexicain, est du plus bel effet !

   Cohen excelle à dénoncer la course au vedettariat et les faux-semblants du show-biz. Cela se poursuit à Milan, lors d'un défilé (bien réel, comme on peut l'apprendre sur le site Allociné, riche en anecdotes de tournage), puisqu'il interroge un mannequin sur les difficultés du métier... surtout le demi-tour en bout de piste ! La séquence se termine façon éléphant dans un magasin de porcelaine...

   Notons toutefois que Sacha Baron Cohen a fortement tendance à recycler les ficelles de Borat. Sa participation (visible en fin de film) à un spectacle de catch, au cours duquel, déguisé en beauf à rouflaquettes, il étale son homophobie supposée, n'est pas sans rappeler la séquence du rodéo dans le précédent film. Dans les deux cas, le héros, dans un premier temps, flatte les bas instincts de la foule, avant de s'en faire rejeter. La bagarre qui l'oppose à son ancien acolyte a aussi un petit côté "déjà vu". Comment ne pas penser à la baston de l'hôtel, dans Borat, qui voit le personnage principal s'étriper avec son manager (qui finit par le laisser tomber, comme l'assistant de Brüno l'a fait). On pourrait continuer longtemps comme cela, en citant par exemple le cas des photos "de famille", complètement détournées dans les deux films (et à fortes connotations sexuelles).

   Reste le propos politique, la dénonciation de l'homophobie. Parfois, il tape à côté, comme avec ce prof de karaté qui, bien qu'interloqué par la tournure que prend sa leçon d'autodéfense, fait son job sans faire montre d'aucun préjugé. C'est par contre bien vu au niveau des échangistes, groupe qui pourrait passer pour très "ouvert" sur le plan sexuel... mais uniquement d'un point de vue hétéro. (Cela se termine par une scène "coup de fouet", en compagnie d'une bimbo siliconée... bon ça, c'est du scénarisé.) Les religieux qu'il consulte (quand il fait mine de devenir hétéro... tout un programme !) sont à l'écoute... dans une certaine mesure (le plus jeune des deux a eu du mal à tenir la route, visiblement). On voit aussi Brüno en Israël se faire courser par des ultra-orthodoxes (alors que les intervenants israéliens et palestiniens qu'il essaie de concilier m'ont paru faire preuve d'une étonnante mansuétude à son égard... pas terrible cette séquence, en plus), ou encore l'ex candidat aux présidentielles Ron Paul le fuir en éructant des imprécations. (Ceci dit, je me demande comment j'aurais réagi à sa place.) Le passage qui montre sa participation à une émission de télé-réalité américaine, au public quasi exclusivement noir... et conservateur, vaut son pesant de strass. La séquence qui confronte l'apprentie vedette au panel de téléspectateurs moyens américains est par contre en partie ratée, tout comme celle qui se passe dans le centre d'entraînement de la garde nationale, pourtant riche en potentialités.

   La toute fin du film voit Brüno concrétiser ses rêves : devenir célèbre et enregistrer un disque (la chanson est une merde innommable), en compagnie des grandes vedettes dont le film a pu paraître se gausser auparavant : Bono (qui se demande ce qu'il fait là), Sting (qui tire aussi la tronche), Elton John (étonnant de professionnalisme... et pas décontenancé le moins du monde par la nature de son "siège" !), un mec que je n'arrive pas à identifier... qui se donne à fond (un certain Chris Martin... ah, si : c'est le mec de Coldplay !) et un rappeur noir en qui j'ai fini par reconnaître (à la voix) Snoop Dogg, qui a l'air très détaché de tout cela.

   Entre les séquences chocs, cela bande un peu mou (pour rester dans le ton du film)... mais celles-là méritent le détour, tant le rire qu'elles suscitent est "héneaurme". On sourit à l'audition de la bande originale de Titanic, évidemment détournée. On ne boude pas son plaisir quand la scène qui montre le héros se faire prendre (par les services sociaux) l'enfant qu'il a acheté en Afrique (contre un I-Pod haut de gamme, tout de même !) est filmée au ralenti, façon attention-séquence-émotion-oh-mon-dieu-que-c-est-horrible-mais-regardez-le-bien-ne-va-t-il-pas-pleurer ?

   P.S.

   Le sous-titrage n'est pas terrible. Il m'a semblé laisser des parties entières de dialogues de côté et l'interprétation (nécessaire dans toute traduction) ne m'est pas apparue toujours appropriée.

16:52 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : film, cinema, cinéma

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