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lundi, 01 novembre 2010

The Social Network...

   ... "Le Réseau social", en bon français. Mais, comme cela n'a pas dû sembler porteur au distributeur, on a laissé le titre anglais, alors qu'il aurait été si simple de le remplacer (par exemple) par "La Naissance de Facebook". C'est donc un film de David Fincher, qui a travaillé avec le créateur de la série A la Maison blanche.

   C'est d'abord un film de scénariste et de dialoguiste, ma foi fort réussi. La première scène donne le ton du film : le héros n'est pas à l'aise avec les filles, mais il a la répartie facile. Lui et sa future ex-copine rêvent d'intégrer l'un des clubs très fermés où se retrouve la "crème" de l'élite estudiantine.

   Les dialogues sont excellents (à entendre en version originale sous-titrée de préférence, donc), de nombreuses répliques font mouche. Les (jolies) femmes sont presque toujours des objets de conquête, un élément de la parure du jeune doué qui réussit. Le film montre très bien que, dans la nouvelle comme dans la "vieille" économie, il s'agit de se faire un max de pognon, de dominer les autres, quitte à leur passer sur le corps. On retrouve le mythe du self-made man, avec ce Mark Zuckerberg censé être parti de rien et devenu milliardaire en quelques années.

   Cependant, le milieu familial de celui-ci nous est caché. Or, il est issu de la bourgeoisie américaine, (les parents exercent tous deux une profession médicale) de la banlieue (pas pauvre) de New York. Mais il n'appartient pas au gratin, celui des patriciens de la côte Est. Cela n'en fait pas un prolétaire pour autant. 

   Du coup, il n'est finalement pas si antipathique que cela, ce Mark (interprété avec brio par Jesse Eisenberg). D'accord, c'est un "geek", asocial, qui s'habille comme un plouc, mais l'appât du gain n'est pas sa motivation première. Et puis, il en pince quand même pour la fille du début.

   C'est là que l'histoire est très forte. Cet immense réseau est né au moins en partie d'une déception sentimentale... et de la beauferie des mecs, pour qui comparer les filles et leur attribuer une note est top délire. Ensuite, il a suffi de l'attrait de la nouveauté, savamment entretenu, et du désir profond des jeunes de se constituer une "tribu", pour qu'il devienne "hype" d'être inscrit sur le réseau. Je trouve que Fincher, même s'il n'insiste pas dessus, arrive bien à montrer la futilité de la chose. Quand on pense que ces gens-là vont d'ici quelques années, jouer un rôle majeur dans l'économie, la politique ou les médias, on peut légitimement s'inquiéter.

   Sous une forme léchée, Fincher dit des choses très dures : les meilleurs amis du monde en viennent à s'escroquer, se poursuivre en justice (les procédures de médiation donnent son architecture à l'histoire telle qu'elle nous est représentée) et, pour gagner, il faut être un peu (beaucoup ?) un enfoiré, à l'image du créateur de Napster, bien campé par Justin Timberlake.

  Tout le monde en prend pour son grade : les élites traditionnelles, imbues d'elles-mêmes, les jeunes, présentés comme égocentriques et superficiels, le grand public, perçu comme une masse captive. Et le jeune héros, bien que devenu riche et célèbre, a peut-être laissé passer le bonheur.

23:09 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : film, cinema, cinéma

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