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jeudi, 25 novembre 2010

Nostalgie de la lumière

   C'est un documentaire chilien, tourné principalement dans le désert d'Atacama, un des endroits les plus arides du Globe... mais aussi l'un des meilleurs postes d'observation possibles de notre univers. C'est pourquoi le Very Large Telescope européen y a été implanté... et c'est aussi pourquoi la nouvelle grosse bite européenne, E-ELT (European Extremely Large Telescope) va y être installée à son tour.

   Je n'avais pas trop cherché à en savoir davantage sur le film. Du coup, je m'attendais à un documentaire original, sur un lieu méconnu, un peu à l'image d'un excellent reportage paru dans Le Monde du week-end il y a quelques mois de cela.

   Le début du film va dans ce sens. Le site scientifique nous est présenté de manière quasi anatomique, le tout enrobé d'images, réelles ou de synthèse, de l'espace, des galaxies, des nébuleuses lointaines. C'est assez réussi sur le plan formel, mais je dois avouer que j'ai un peu piqué du nez.

   Fort heureusement, la trame bifurque. Ainsi, on apprend qu'un camp de prisonniers du régime de Pinochet se trouvait dans la région. Ce que sont devenus les détenus ? On ne sait pas trop... ou plutôt, on sait qu'ils sont morts. Quant aux corps... On finit par voir les restes d'une femme, encore enchaînée aux pieds, les mains liées, figée dans une posture. L'arrivée soudaine de cette image provoque un choc.

   Le réalisateur veut relier l'activité astronomique à l'histoire contemporaine du Chili. Dans les deux cas, il est question du passé. Dans les deux cas, il est question de calcium ! (Je vous laisse découvrir pourquoi.) Il trouve des liens plus forts. L'un des scientifiques, allemand, n'est autre que le fils d'une Chilienne qui s'était réfugiée en Allemagne.

   A partir de là, le film est passionnant. On suit ces mères, épouses, sœurs, qui cherchent les restes des corps des disparus, dont les dépouilles avaient été déterrées en catastrophe par les militaires pour être jetées dans l'océan ou réenterrées en catimini dans ce trou du cul du monde.

   Patricio Guzmán, dont la filmographie est marquée par l'histoire troublée du Chili, réalise un film "minéral", où l'astronomie se mêle à l'archéologie (on fouille le sol aussi à la recherche des restes des premiers habitants de la région, arrivés il y a des milliers d'années). L'une des scènes les plus réussies débute par un plan de matériaux (des roches) issus de l'espace... et l'on finit par s'apercevoir que la texture du dernier objet filmé en gros plan est celle d'un crâne humain, celui d'une victime. Nombre de dépouilles n'ont toujours pas été identifiées.

   On assiste même à la découverte de corps, traités avec le plus grand soin par les chercheurs.

   L'une des dernières séquences est particulièrement bouleversante. Elle nous présente l'histoire d'une rescapée, qui doit à la mort de ses parents d'être toujours en vie. (Allez voir le film pour connaître les détails.) Il se trouve qu'elle est devenue... astronome, activité qui répond à son questionnement personnel et dans laquelle elle trouve de quoi combler le vide qui l'habite.

   C'est un film vraiment original, très écrit, qui surprend agréablement pour peu qu'on prenne la peine d'y entrer.

00:14 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinema, film, cinéma

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