lundi, 22 novembre 2010
Le musée Soulages ne fait toujours pas l'unanimité...
... loin s'en faut ! Le problème est que la vox populi ne transperce pas le rideau médiatique, qui, en général, ne délivre que la version des partisans du projet. Cependant, de temps à autre, une voix discordante parvient à se faire entendre.
Tel est le cas de Jean-Louis Chauzy, qui s'est publiquement interrogé sur le financement de la construction et surtout du fonctionnement du futur musée. Pour avoir accès à l'intégralité de l'argumentation du président du C.E.S.E.R. de Midi-Pyrénées, il fallait se tourner vers la presse non officielle, à savoir Le Nouvel Hebdo (numéro 147) :
L'hebdomadaire satirique revient d'ailleurs régulièrement sur le sujet, parfois de manière très détaillée et argumentée, comme Jean-Louis Chauzy. On ne peut pas en dire autant de leurs détracteurs.
Ainsi, le quinzomadaire gratuit A l'oeil du 18 novembre dernier s'est ému des prises de position de M. Chauzy :
Une grande déception perce dans cet entrefilet, peut-être rédigé par le maître-d'oeuvre du journal, Jean-Philippe Murat, élu conseiller municipal de Rodez en 2008, troisième sur la liste conduite par... Jean-Louis Chauzy. Peut-être conviendrait-il plutôt de s'interroger sur le bien-fondé de sa prise de position. Pourquoi M. Chauzy devrait-il forcément avoir tort ?
Celui-ci a aussi suscité l'ire de l'auteur d'un site d'information politique engagé, RodezNews. Le ton fut d'abord acrimonieux, l'auteur s'en prenant à "une poignée de grincheux qui ne connaissent probablement pas grand chose à l'art et à l'économie en général" (sympa pour Gérard Galtier et Jean-Louis Chauzy). Contestant le point de vue de ceux qui estiment que d'autres projets étaient bien plus porteurs et urgents à réaliser (comme le grand contournement de Rodez), le rédacteur se lâche : "Voilà une vision bien aveyronnaise qui ignore la réalité du monde d'aujourd'hui." C'est dingue mais cela m'a rappelé les propos outranciers du nouveau directeur de l'Office du tourisme de Rodez, publiés dans Le Ruthénois numéro 26.
Le billet écrit une semaine plus tard est plus mesuré, même si les opposants au projet y sont qualifiés de "frileux". (Il est néanmoins vrai que les températures ont brusquement chuté au début du mois de novembre.) Ce texte est plus argumenté que le précédent et l'on sent sous la plume (le clavier ?) de l'auteur un véritable intérêt pour l'oeuvre de Pierre Soulages. Il témoigne cependant du même optimisme béat qui dégouline des médias, fantasmant sur le nombre de visiteurs, censé rapidement atteindre et dépasser les 100 000 par an. Il table sur la renommée mondiale du peintre qui, si elle est incontestable à l'heure actuelle, peut rapidement s'étioler après sa mort. L'histoire mondiale de la peinture est remplie de cas d'artistes "officiels", couverts d'éloges de leur vivant et dont les oeuvres sommeillent aujourd'hui paisiblement dans les remises des musées, tandis que des génies ignorés (ou méconnus) de leur vivant ont obtenu la gloire posthume. Gardons-nous des enthousiasmes fabriqués...
De la même manière, il ne faut pas surestimer l'aura du site de Conques qui, soit dit en passant, est bien davantage due à la préservation de l'achitecture médiévale qu'à l'apport de Pierre Soulages. La "proximité" est toute relative : 45 kilomètres (et trois quarts d'heure de route en voiture par temps sec, une heure pour un bus... s''il n'a pas choisi de partir plutôt sur Albi ou Millau...) sépareront les cartons du musée des vitraux de l'église abbatiale. (Plus que Rodez, c'est Conques qui a tout à gagner à la construction du musée. Son maire en attend l'inauguration avec une impatience non dissimulée.)
Alors, pourquoi tant d'hostilité envers Jean-Louis Chauzy ? Après tout, il n'a fait qu'exprimer de manière mesurée et argumentée une opinion dissidente, acte salutaire dans une démocratie digne de ce nom. Je vois peut-être le mal partout, mais je me suis demandé s'il n'y avait pas là résurgence d'une opposition plus ancienne. Le site RodezNews est tenu par Joseph Donore, qui fut lui aussi candidat aux municipales de 2008 à Rodez. (Décidément, on n'y échappe pas ! A toutes fins utiles, je précise que je ne figurais sur aucune des quatre listes en course...) Il était numéro 7 sur la liste menée par Frédéric Soulié (divers droite... UMP dissidente disaient les mauvaises langues), rivale donc de celle conduite par Jean-Louis Chauzy. Sauf erreur de ma part, le virus de la politique l'avait saisi aux cantonales de 2004, quand il avait essayé (vainement) de déboulonner le conseiller général sortant de Mur-de-Barrez Francis Issanchou. Et, en consultant l'excellent ouvrage de Roger Lajoie-Mazenc, Maires de famille , je suis tombé sur une notice consacrée à Joseph Donore : il avait déjà tenté de se faire élire conseiller général en 1998 (il avait terminé cinquième du premier tour) et avait envisagé de présenter une liste aux municipales de 2001, à Mur-de-Barrez. (Et c'est là que je réalise que le bouquin de Lajoie-Mazenc a été préfacé par... Jean-Louis Chauzy ! C'est un complot !)
Bon, tout ça pour dire que j'ai déniché un article intéressant dans le Centre Presse de samedi :
J'ai trouvé réjouissant qu'un chaud partisan du musée prenne la plume pour demander à ce qu'on écoute les arguments de Jean-Louis Chauzy. Preuve que tout n'est pas perdu dans notre bon vieil Aveyron...
17:50 Publié dans On se Soulages !, Politique aveyronnaise | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : politique, art, culture, peinture
Les commentaires sont fermés.