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samedi, 12 mars 2011

Le face à face Luche - Durand

   Samedi, en fin de matinée, France 3 a diffusé une émission spéciale (celle du 12 mars), tournée place d'Armes à Rodez. Le coeur de ce programme était un débat entre Jean-Claude Luche, le président du Conseil général, et Guy Durand, le chef de la gauche en campagne (et maire socialiste de Millau).

   Tout d'abord, je trouve le principe de cette émission intéressant. Même si ceux qui suivent la campagne de près n'y ont pas appris grand chose, les citoyens de base ont eu accès à une véritable émission politique, où les deux "camps" ont pu s'exprimer courtoisement, parfois ironiquement.

   La première question a porté sur l'enjeu du scrutin. Evidemment, J.-C. Luche a affirmé, contre l'évidence, qu'il ne s'agissait que d'une élection locale. Si cet aspect est important, la suite de l'entretien entre les deux hommes a suffi à prouver, mieux que la réponse de son adversaire socialiste, que l'enjeu est aussi fortement national. Avantage Durand

   Sur la campagne électorale et la possibilité de basculement, J.-C. Luche a été modeste. Il n'a pas parlé de réaliser un carton plein (ce qu'il a affirmé dans la presse il y a quelques semaines...  rhooo... le baratineur !). Il a bien su pointer les divisions de la gauche et mettre en valeur l'aspect pluriel de la majorité départementale. De son côté, Guy Durand a bien "chargé" sur les "sans étiquette" et les quelques dissidences à droite. Il m'a semblé un peu optimiste sur le rassemblement de la gauche au second tour. Avantage Luche. (Au passage, la référence, par J.-C. Luche, à la catastrophe qui frappe le Japon m'a paru déplacée.)

   Sur le ressenti des candidats, J.-C. Luche s'est contenté de rappeler l'importance du scrutin et d'évoquer son action depuis 2008 (en passant sous silence la période précédente). G. Durand a évoqué une probable forte participation pour deux raisons : le traditionnel civisme aveyronnais et la possibilité de basculement. Il m'a semblé plus convaincant. Avantage Durand.

   Sur la rupture de 2008, J.-C. Luche a insisté sur sa différence avec Jean Puech. Il a défendu son bilan avec vigueur, se présentant comme l'avocat passionné des Aveyronnais. Jusque-là, ça passait bien. Mais, quand, à plusieurs reprises, il a souligné combien lui-même, puis les élus de sa majorité, puis les employés du Conseil général, sont proches des Aveyronnais, c'est devenu "lourd". De son côté, Guy Durand a été cinglant, estimant que rien n'avait fondamentalement changé. Il a levé un joli lièvre : le budget 2011 n'est toujours pas voté, ni même en discussion. Que nous cache-t-on ? Avantage Durand.

   On a aussi interrogé les deux candidats sur la principale compétence obligatoire du département : l'aide sociale. J.-C. Luche a bien défendu son bilan... avec, pour ceux qui ont bien écouté, un sous-entendu : le Conseil général va avoir besoin de nouvelles ressources. Donc, l'actuelle majorité a prévu d'augmenter les impôts... après les élections. Guy Durand a mis en valeur une mesure projetée par la gauche, portant sur l'A.P.A. (Allocation Personnalisée d'Autonomie), notamment un complément à verser aux retraités à faibles revenus. Match nul.

   Il a ensuite été question des services publics. J.-C. Luche ne m'a pas semblé très l'aise (il avait pourtant pris de l'assurance par rapport au début de l'émission, où on le sentait un peu fébrile), tandis que Durand a parlé du projet commun à toute la gauche (pas uniquement aveyronnaise) : la création d'un bouclier territorial, pour pallier le désengagement de l'Etat. J.-C. Luche a eu beau jeu d'ironiser : la gauche lui reproche de dépenser, pour la RN 88, sur un sujet de compétence nationale... ce qu'elle envisage de faire au niveau des écoles et de la poste ! G. Durand m'a toutefois paru plus pertinent sur le rail. Match nul.

   On en vient à deux choses qui m'ont déplu. Alors que le débat a été équilibré, que les journalistes n'ont pas fait pencher la balance en faveur de l'un des deux hommes, au niveau des interventions supplémentaires, seule la gauche a été représentée. On a eu d'abord Jean-Louis Roussel, pour le Front de Gauche, dont les propos ont en partie contredit ce que venait d'affirmer Guy Durand. Plus tard est venu le tour de Marie-Claude Carlin, pour les Verts... Mouais... Je pense que ces interventions ont plus nui à la gauche qu'elles ne lui ont servi. Mais pourquoi aucune intervention n'est-elle venue en faveur de J.-C. Luche ? A-t-il refusé ? Vu qu'il a lâché l'étiquette UMP, c'était peut-être plus sage.  Ceci dit, au fond du café, on a pu distinguer quelques silhouettes. Parmi celles-ci, Simone Anglade :

 

politique,cantonales

   Par contre, à deux reprises, il s'est laissé à dire que Guy Durand ne connaissait pas les dossiers, ce qui m'a paru un peu bas comme attaque. Jusque-là, les échanges étaient d'un bon niveau.

 

   Enfin, les deux prétendants se sont exprimés sur les collèges, autre compétence obligatoire des départements. Guy Durand a évoqué la fermeture annoncée de celui d'Entraygues et a développé la proposition de constituer un groupement d'achat des produits alimentaires pour toutes les cantines, dans le but d'assurer un revenu aux agriculteurs locaux. J.-C. Luche a embrayé en affirmant que son équipe est à l'origine de cette idée. Il s'est bien gardé de répondre sur le collège d'Entraygues, se contentant d'affirmer que, si la gauche l'emportait, d'autres pourraient fermer, vu qu'à Rodez, c'est ce que la municipalité a fait avec l'école François Fabié. Cette dernière attaque était un peu facile, mais c'était de bonne guerre... Sur le fond, il a raison et tort : quelle que soit la majorité départementale en 2011, elle devra faire face, si c'est la même politique qui est menée nationalement, à  de nouvelles menaces sur les collèges aveyronnais. Enjeu national quand tu nous tiens... Avantage Luche.

   Alors, quel bilan ? J'accorderais un léger avantage à Guy Durand, qui a su montrer l'interaction entre les enjeux locaux et nationaux. Il a aussi donné l'impression de savoir où il allait. (Je n'avais pas une très bonne image de lui avant ce débat.) De son côté, Jean-Claude Luche a su défendre son bilan, même si sur l'avenir, il était moins convaincant.

Commentaires

Analyse sympa. Le débat m'a assez vite emm....é :)
Concernant les interventions de Jean-Claude (sic) Luche et Marie-Claude Carlin, c'est la force des partis.
Ceux ci ont fait remarquer que laisser la parole à Luche et Durand était un moyen d'avantager les candidats Maj. dep. et PS. Analyse que je partage d'autant qu'on pourrait avoir des surprises avec la présidence si on atteint un point d'équilibre (Escoffier par exemple). Rappelons nous de la tentative loupée de Blanquet de faire main basse sur la présidence il y a 3 ans.
Comment on été choisis les "porte paroles" qui ne devaient pas être des candidats est une autre histoire.
Par contre si les écologistes penchent, naturellement, à gauche, leur affranchissement du PS est de plus en plus notable, et de manière plus significative qu'avec le FG.

Écrit par : KaG | mardi, 15 mars 2011

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