vendredi, 19 août 2011
Chico et Rita
C'est l'un des nombreux films d'animation sortis cet été. Celui-ci ne vient pas d'Hollywood : c'est une coproduction hispano-cubano-hungaro-brésilienne... et c'est destiné à un public plus âgé (plutôt adulte).
C'est l'histoire d'un double amour : celui de la musique cubaine et celui qui se noue entre les deux héros. Lui est un pianiste bourré de talent (sans doute d'origine bourgeoise) ; elle est une chanteuse débordant de sensualité et de caractère (issue d'un quartier pauvre).
Leur relation va connaître des hauts et des bas, à Cuba, aux Etats-Unis et en Europe (quelques scènes se déroulent en France... hé oui, à l'époque, on accueillait volontiers les satimbanques cosmopolites !). C'est donc d'abord une belle histoire d'amour contrarié.
L'ambiance musicale fait l'originalité de ce film. Même moi, qui ne suis pas fan, j'ai été emballé ! Au passage, les auteurs en profitent pour insérer dans leur intrigue quelques "figures" du jazz, comme Charlie Parker et Dizzie Gillespie. Le personnage de Chico est lui-même inspiré d'un authentique artiste, Bebo Valdes. (On peut écouter un échantillon de sa musique sur un site dédié.) Quant à Rita, elle pourrait être une transposition de la chanteuse Celia Cruz.
Ah, oui, pour les petits malins... Il n'y a rien de commun entre ce couple de fiction et les pitoyables Chico et Roberta qui ont pollué les antennes au tournant des années 1980-1990.
Côté dessin, c'est ambivalent. Tantôt le décor semble bâclé, tantôt il fait l'objet d'un soin extraordinaire (je pense notamment aux panneaux lumineux aux Etats-Unis). C'est dans l'animation des musiciens que la réussite est la plus grande. On a vraiment l'impression de voir jouer ces pianistes, ces saxophonistes et même les batteurs.
Les amateurs d'histoire seront aussi servis. L'intrigue fonctionne sur le principe du retour en arrière : Chico âgé, devenu cireur de chaussures dans le Cuba du début du XXIe siècle, repense à ses débuts. Il nous replonge dans le Cuba des années 1940-1950, avant la révolution castriste, quand l'île était un peu le bordel de l'Amérique. De riches blancs venaient s'encanailler là-bas. Au programme : alcool, jolies filles... et musique d'enfer. On pourra reprocher aux auteurs d'avoir manqué de recul critique vis-à-vis de cette époque, montrée comme un âge d'or.
Les séquences se déroulant aux Etats-Unis sont excellentes. Elles réussissent le tour de force de mettre en scène à la fois la magie (les paillettes, la promotion sociale par le show-biz) et le côté sombre (la violence, la ségrégation) du pays.
Le dernier quart d'heure revient à l'époque contemporaine, pour quelques surprises finales...
22:22 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : film, cinema, cinéma
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