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mercredi, 02 novembre 2011

De bon matin

   Jean-Pierre Darroussin incarne un cadre bancaire, la cinquantaine. Il gagne bien sa vie. Il vit dans une grande maison (dont on pense qu'il est propriétaire), dans une banlieue calme et verdoyante. Sa femme est belle, son fils lycéen a des projets.

   Sauf que... ce matin-là, Pierre Wertret s'est levé très tôt. Il laisse sa 407 (rutilante) au garage et se rend au travail à pieds, puis en bus. En arrivant, il sort un pistolet de son sac et abat deux de ses collègues. Il s'enferme ensuite dans un bureau (dont on va apprendre qu'il s'agit de son bureau, enfin de son dernier bureau).

   La suite est une série de retours en arrière, par touches impressionnistes. On comprend que l'ambiance au boulot s'était dégradée. Pierre est en conflit avec son supérieur hiérarchique (Xavier Beauvois, qui excelle à incarner cette petite enflure). Il regrette le départ de son précédent patron, qu'on a semble-t-il poussé vers la sortie... et dont il aurait bien aimé récupérer le poste.

   Les scènes de bureau sont vraiment très bonnes. On nous y montre ces petites rivalités, ces hypocrisies et ces signes plus ou moins perceptibles qui permettent de comprendre qu'untel est bien en cour, ou au contraire mis au rancart. On perçoit de l'intérieur le drame de ces employés bosseurs, fidèles, qui, une fois passée la cinquantaine, sont perçus comme des poids, des ringards.

   Même dans son couple le héros souffre. Sa femme, bibliothécaire investie dans l'humanitaire, n'a pas du tout le même vécu professionnel. Elle finit par le quitter. Reste son fils, adolescent finalement moyen, pas méchant mais plutôt velléitaire, loin donc de son opiniâtre père qui a dû se battre pour avoir tout ce dont lui profite.

   La réalisation est classique. C'est le montage qui est brillant. La succession des moments est porteuse de sens. C'est parfois proche de la virtuosité, comme lorsque le héros raconte ses débuts professionnels à un nouveau collègue et que, superposée à la voix de Darroussin qui raconte, s'affiche une scène dans laquelle on le voit plus jeune, moustachu, déambulant timidement entre les rayons d'une bibliothèque où travaille une femme à laquelle il veut se lier. Le procédé nécessite néanmoins un effort d'attention de la part du spectateur : c'est lui qui doit faire le lien entre ces morceaux qui, petit à petit, s'assemblent.

   On s'approche ainsi de la fin. Sentant son monde basculer, le héros tente de relancer sa carrière et sa vie personnelle. Il fait des démarches pour changer de travail, revoit son ancien patron, tente de se réconcilier avec un vieil ami avec qui il aimerait organiser un voyage en bateau. L'une de ces solutions finit-elle par s'imposer ? Je vous laisse le découvrir à la toute fin du film.

    P.S.

   Le réalisateur, Jean-Marc Moutout, nous avait déjà offert un film un peu dans la même veine : Violence des échanges en milieu tempéré. Depuis les années 1990, en France, on a pu voir dans les salles plusieurs (bons) longs métrages traitant du monde de l'entreprise, comme Ressources humaines (de Laurent Cantet), Extension du domaine de la lutte (de Philippe Harel) et Le Couperet (de Costa Gavras).

20:11 Publié dans Cinéma, Société | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film

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