vendredi, 14 décembre 2012
Le cheval blanc d'Henri IV
- Ville de Rodez, bonjour !
- Bonjour madame. Je suis bien à la mairie de Rodez ?
- Oui.
- Je suis de passage à Rodez et je cherche la réponse à une question : quelle était la couleur du cheval blanc d'Henri IV ?
- Euh... Vous pouvez patienter s'il-vous-plaît ?
- Oui ! ?
...
- Allo ?
- Oui, je vous passe le service qui s'en occupe !
Cette scène surréaliste est bien entendu inspirée de ce que l'on a pu entendre sur Europe 1, mercredi, dans l'émission de Laurent Ruquier "On va s'gêner". (Au passage, précisons que le "Vert Galant", avant de devenir roi de France, fut comte de Rodez, grâce à sa mère, Jeanne d'Albret, qui était la fille de Marguerite d'Angoulême, soeur de François Ier.)
Je n'ai pas entendu l'émission au moment de sa diffusion. Les âmes charitables n'ont pas manqué pour signaler à mon attention cette pépite, condensée en un quart d'heure dans la version diffusée sur Youtube.
Une fois que l'on a bien ri, on peut faire quelques remarques. D'abord, parmi les fonctionnaires de la mairie de Rodez, les femmes semblent nombreuses. Ensuite, aucune de ces personnes (pas plus que les employés de l'évêché) n'a su ou voulu tenter une réponse. Pourtant, nombre d'entre elles doivent passer quotidiennement devant la cathédrale ! (C'est encore plus vrai pour les employés de l'évêché, qui n'ont que la rue Frayssinous à traverser...)
On peut regretter la timidité des employés (sans doute soucieux de ne pas se couvrir de ridicule... c'est raté), mais leur attitude est peut-être le reflet d'une sorte de conditionnement. Le travail au standard est formaté : il faut ventiler les coups de fil vers les personnes compétentes et écarter les gêneurs. L'employée a agi de même avec Laurent Ruquier. Elle n'a sans doute pas pensé, de prime abord, qu'elle pourrait répondre à sa question : ce n'est pas son boulot. Ceci dit, au standard de la mairie de Rodez, elle doit parfois en entendre de belles...
Bref, toutes ces personnes se sont refilé la patate chaude. Voilà l'animateur d'Europe 1 baladé de service en service, à l'image des héros de Goscinny et Uderzo, dans une séquence restée célèbre des Douze Travaux d'Astérix. On pourrait aussi penser au sketch de Pierre Palmade, La Moto.
A Paris, on a fini par comprendre que les Ruthénois (pas les Rodéziens, hein !) ne sont même pas d'accord entre eux sur la couleur de la cathédrale. Comment est-ce possible ? La photographie d'une partie de l'auguste bâtiment va nous être utile :
Nous sommes au pied de la façade Ouest, qui donne sur la place d'Armes. La prise de vue date d'octobre dernier, le jour où j'avais pris en photo certains éléments de la tour Sud, notamment. Vous aurez remarqué la diversité des teintes. N'oublions pas que l'édifice, dans sa forme actuelle, résulte d'une série de travaux s'étalant sur deux siècles et demi (de la fin du XIIIe au début du XVIe). Si vous ajoutez à cela les restaurations successives, il n'est pas étonnant de rencontrer une telle variété.
A la base, comme le précise l'office du tourisme (qu'aurait pu penser à contacter Laurent Ruquier), c'est en grès rose que la cathédrale a été construite. Avec le temps, certaines pierres (surtout pas des briques !) ont noirci. En fonction de l'ensoleillement, certaines parties peuvent passer pour rouges ou ocres.
Cela, les chroniqueurs de l'émission "On va s'gêner" auraient pu le trouver sans problème, à l'heure des smartphones et tablettes reliées à Internet. C'est à se demander si la démarche téléphonique est aussi spontanée qu'elle en a eu l'air. L'émission étant enregistrée, pendant ce qui est présenté comme la pause publicitaire, la moindre recherche sur la Toile aurait mené la fine équipe (ou plutôt leurs assistants dévoués) à la bonne réponse. (Il semble toutefois que les assistants ne soient pas d'une grande habileté : quand l'animateur leur a demandé, en désespoir de cause, de contacter un café local, ils ont choisi le torréfacteur Cafés Ruthéna !) On a peut-être pensé jouer un joli coup. Après tout, pourquoi ne pas tenter la démarche téléphonique. On ne sait jamais sur quoi cela va déboucher...
Cela n'exonère pas pour autant les employés de leur responsabilité. Combien de Ruthénois (et d'Aveyronnais), passant à proximité de la cathédrale, ont le nez plongé sur l'écran de leur téléphone portable ? Quelle part des habitants aurait pu répondre à la question simple posée par l'animateur ? Je suis persuadé que les réponses auraient par contre fusé si les mêmes personnes avaient été interrogées sur le gagnant de telle ou telle émission de télé-réalité... Triste époque !
20:43 Publié dans Aveyron, mon amour, Web | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, humour, médias
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