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lundi, 11 février 2013

Hypocrisie départementale, communale... et scolaire

   La politique politicienne est de retour, si tant est qu'elle ait jamais disparu du premier plan. Quand vous greffez là-dessus un poil de corporatisme, cela donne une situation abracadabrantesque.

   La question des rythmes scolaires, dans le primaire, fait l'actualité depuis un petit moment. Le ministre de l'Education nationale, Vincent Peillon, propose une réforme qui rétablit la semaine de quatre jours et demi... à la fureur des syndicats d'enseignants, de certains délégués des parents d'élèves et d'élus locaux plutôt classés dans l'opposition. Les déclarations des uns et des autres, telles que la presse les a publiées, sont assez péremptoires, pas très développées. L'entretien que Jean-Louis Grimal, conseiller général du canton de Salles-Curan (et maire de Curan), a accordé au Ruthénois fait exception.

   L'entrevue démarre pourtant mal, l'élu choisissant d'éluder le problème-clé, celui de l'intérêt des élèves :

"Je tiens tout d'abord à faire abstraction du bien-être de l'enfant. Ce n'est pas de mon domaine de compétence. Des chronobiologistes et des psychologues y ont travaillé."

   A première vue, on pourrait saluer cet assaut de modestie de la part de l'élu local, qui évite de se prononcer sur un sujet qu'il ne maîtrise pas. En creusant un peu, on se rend compte que cette pudeur est peut-être plus intéressée qu'il n'y paraît. Cela fait une demi-douzaine d'années (au moins) que circulent des études condamnant la semaine de quatre jours. Depuis deux ans, le propos s'est fait plus pressant : cette organisation du temps scolaire, qui satisfait les parents et enseignants soucieux en priorité de leur week-end, ne convient pas du tout aux élèves en difficulté, qui souffrent d'un programme trop dense... Mais le système peut très bien fonctionner avec quatre jours d'école... pour les élèves qui ne sont pas en difficulté. Et les autres ? Il suffit de lire la presse pour constater qu'ils échouent au collège et qu'on les retrouve, plus tard, dans la charrette des 100 000 qui quittent le système scolaire sans rien. Si les études avaient conclu à l'avantage de la semaine de quatre jours, nul doute que Jean-Louis Grimal, bien que non spécialiste, aurait pensé à s'appuyer dessus.

   La suite de son propos se veut budgétaire. Il a raison de regretter que l'Etat ait tendance à se décharger de certaines dépenses fondamentales sur les collectivités locales. (Cela ne date pas des socialistes... mais on n'entend les élus de droite que depuis 2011-2012...) La dotation compensatoire prévue par le gouvernement (de 50 à 90 euros par élève) ne devrait pas couvrir le surcroît de frais engagés par les communes, si l'on se fie à ce qu'affirme l'élu aveyronnais : il estime le surcoût à 250-300 euros par élève. Sauf que... l'association des maires de France l'évalue entre 50 et 150 euros par élève ! Voilà qui change pas mal de choses. Nombre de communes rurales (les plus pauvres, pas celles qui accueillent les périurbains en quête d'impôts locaux "allégés") devraient toucher 90 euros par élève (voire plus si le fonds de départ est augmenté, comme l'a sous-entendu Vincent Peillon).

   Résumons : les communes rurales (qui avaient fortement adhéré à la semaine de quatre jours), si elles se débrouillent bien, devraient pouvoir compenser presque intégralement le surcoût financier de la réforme. Le surplus qui resterait à leur charge serait à comparer aux économies que le passage à la semaine de quatre jours avait permis de réaliser jadis. Il resterait le problème du recrutement des intervenants extra-scolaires, qu'il faudra convaincre de venir en zone rurale. Je pense que les titulaires d'un BAFA au chômage (ou en sous-emploi) doivent être assez nombreux. Peut-être les communes devront-elles songer à fonctionner collectivement, pour faciliter les recrutements.

   L'autre clé du problème est le temps de travail des enseignants du primaire. La réforme Peillon va légèrement diminuer le temps de présence devant les élèves, en reconnaissant davantage le travail en dehors de la classe. Si, par rapport à 2008, les professeurs des écoles gardent une obligation de 24 heures de cours par semaine, les 108 heures annuelles supplémentaires (équivalant à 3 heures hebdomadaires) seront ventilées différemment, réduisant le nombre d'heures de soutien. On peut espérer que les 24 heures de cours vont être recentrées sur les apprentissages fondamentaux. Trop d'enfants sortent de l'école primaire sans maîtriser les bases, à commencer par la lecture et l'écriture. Je vous laisse imaginer ce que cela donne 10-15 ans plus tard, quand les adolescents et les jeunes adultes écrivent des CV et des lettres de motivation. Ne parlons pas de leur compréhension d'un mode d'emploi ou de leur capacité à remplir un bon de commande, ou à lire à contrat...

   Ajoutons que, de 1991 à 2008, les élèves bénéficiaient de 26 heures de cours par semaine... et même de 27 heures, de 1969 à 1991, dont 10 heures de français et 5 heures de calcul ! Faites le compte : pour un nombre de semaines équivalent, 2 ou 3 heures de moins correspondent à un peu plus de 70 ou 100 heures par an... à multiplier par cinq (le nombre d'années de scolarité dans le primaire), soit 350 à 550 heures de moins.

   Au-delà des débats sur les méthodes d'apprentissage, l'aspect quantitatif (les enfants d'aujourd'hui passent moins d'heures en classe) et distributif (un plus faible nombre d'heures est consacré aux fondamentaux, au bénéfice de ce que l'on appelait jadis les "disciplines d'éveil") de la scolarité permet de comprendre bien des choses.

   A cela s'ajoute l'engagement plus ou moins grand des enseignants. Certes, les jeunes d'aujourd'hui doivent être plus difficiles à discipliner que ceux d'il y a 30 ou 40 ans. Mais combien d'entre nous avons pu constater que tel ou tel prof était particulièrement laxiste quant à la maîtrise de l'écrit ? Récemment, une collègue de travail m'a parlé d'un professeur des écoles, beaucoup moins choqué qu'elle par la kyrielle de fautes de français commises par son fils. Le prof lui aurait déclaré que tant qu'il arrivait à comprendre ce qu'il avait voulu dire, tout allait bien ! De même, il y a quelques années, je m'étais inquiété du cas de ma nièce, qui n'écrivait pas assez bien à mon goût (ainsi qu'à celui de sa mère). Figurez-vous que son enseignante ne prenait pas la peine de corriger toutes les fautes de son cahier ! Un changement de professeur (l'année suivante) a eu d'heureuses conséquences pour la jeune fille.

   Mais revenons aux élus locaux hostiles à la semaine de quatre jours et demi. Ils sont issus en général de la classe moyenne, celle qui peut de permettre de financer des activités extra-scolaires pour ses enfants (ou petits-enfants)... et celle dont les rejetons sont moins touchés par l'échec scolaire. Pour ces enfants-là, l'étalement des cours sur 4 ou 5 jours a peu de conséquences. Mais pourquoi se soucier des autres, après tout ?

   Dans la suite de l'entretien, Jean-Louis Grimal réaffirme ses réticences vis-à-vis de la réforme des collectivités locales et d'une loi interdisant tout cumul des mandats pour les élus nationaux. Plus nuancé que Jean-Claude Luche, le président du Conseil général, il reconnaît certains mérites aux projets, mais, sur le fond, il me semble d'assez mauvaise foi quand il s'exprime sur le binôme homme-femme que chaque super-canton devrait désigner. Et je ne suis pas du tout d'accord avec ce qu'il dit sur l'enracinement des députés et sénateurs. Rien ne les empêche d'exercer, à titre bénévole (comme des milliers d'autres, qui n'ont pas la chance de percevoir une indemnité parlementaire), la fonction de conseiller municipal, un poste idéal pour garder à l'esprit les enjeux locaux. Et puis, entre deux séances à l'Assemblée ou au Sénat, ils peuvent revenir faire un tour dans leur circonscription, même si aucune élection n'est en vue... n'est-ce pas ?

Commentaires

Aurélien PRADIÉ a été nommé directeur de cabinet de Jean-Claude LUCHE en septembre 2012 (à mi-temps, il est conseiller général de Labastide-Murat dans le Lot pour l'autre mi-temps !).
Mauvaise pioche !
Il vient d'être condamné à un an d'inégibilité par le Conseil Constitutionnel (voir articles sur la DDM).
Après l'affaire Jérôme R. l'ancien Dircab. ça fait mauvais effet.
Le sémillant jeune UMP (DVD aux dernières législatives comme LUCHE - peur de l'UMP ?), prétend être victime d'une cabale, d'un complot de "la gauche" visant à l'éliminer de la scène politique lotoise.
Seulement, s'il y a complot (fort improbable), il vient de la droite au vu de la composition ci-jointe du Conseil qui l'a condamné :
voici la liste des dangereux conspirateurs de gauche qui l'ont condamné à un an d'inégibilité :
(soit dit en passant, les mêmes ont invalidé l'élection de deux députés « de gauche » pour des raisons similaires)

Président : Jean-Louis DEBRÉ, nommé par J. CHIRAC en février 2007

Valéry GISCARD D'ESTAING, membre de droit
Jacques CHIRAC, membre de droit
Nicolas SARKOZY, membre de droit

Pierre STEINMETZ, nommé par J. CHIRAC en 2004
Jacqueline de GUILLENCHMIDT, nommée par le Président du Sénat C. PONCELET (UMP) en février 2004
Renaud DENOIX de SAINT MARC, nommé par le Président du Sénat C. PONCELET (UMP) en février 2007
Guy CANIVET, nommé par le Président de l'Assemblée nationale J.L. DEBRÉ (UMP) en février 2007
Michel CHARASSE, nommé par N. SARKOZY (!) en février 2010
Hubert HAENEL, nommé par le Président du Sénat G. LARCHER (UMP) en février 2010
Jacques BARROT, nommé par le Président de l'Assemblée nationale B. ACCOYER en février 2010
Claire BAZY MALAURIE, nommée par le Président de l'Assemblée nationale B. ACCOYER (UMP) en août 2010.
Conclusion :
Si un complot existe -c'est dans son imagination- il doit plutôt chercher parmi les siens. Fatiguerait-il déjà la droite lotoise avec ses gesticulations égocentriques ?

Écrit par : Fred des Cots | lundi, 18 février 2013

D'après l'organigramme du Conseil général de l'Aveyron, Aurélien Pradié est "Chargé de mission" auprès du Directeur de Cabinet de Jean-Claude Luche :

http://aveyron.fr/sites/default/files/documents/conseilgeneral/organigramme_cg12.pdf

Ceci dit, sur son blog, le conseiller général du Lot se présente comme "directeur de cabinet" :

http://www.aurelien-pradie.fr/bio/

Est-ce l'organigramme qui n'est pas à jour, ou l'orgueil d'A. Pradié qui est un peu trop développé ?

"Fred des Cots" (que je soupçonne d'intervenir sur le site de "La Dépêche" sous le pseudonyme de "Judananas") fait ensuite allusion à l'ancien directeur de cabinet, Jérôme Ragenard (qui a quitté ses fonctions en 2010), qui avait été cité dans un article du premier numéro du "Ruthénois" traitant du logo du label "fabriqué en Aveyron" :

http://lasenteurdel-esprit.hautetfort.com/archive/2010/03/07/un-nouvel-hebdomadaire-aveyronnais.html#more

Même si cela fait "mauvais effet", il est difficile de reprocher quoi que ce soit à J-C Luche dans cette affaire.

Mais revenons à Aurélien Pradié. La décision du Conseil constitutionnel a été publiée le 8 février 2013 :

http://www.conseil-constitutionnel.fr/conseil-constitutionnel/francais/les-decisions/acces-par-date/decisions-depuis-1959/2013/2012-4750-an/decision-n-2012-4750-an-du-08-fevrier-2013.135916.html

Le jour où la sanction a été prononcée à l'encontre de l'ancien candidat aux législatives, seuls sept des douze membres siégeaient. Il manquait les trois anciens présidents de la République, ainsi que Guy Canivet et Hubert Haenel.

L'affaire n'est pas aussi simple qu'il y paraît. A. Pradié a été déclaré inéligible pour avoir présenté des comptes de campagne en déficit, en raison d'un apport personnel jugé fictif. Les aspects "techniques" sont abordés dans un article de "La Dépêche du Midi" :

http://www.ladepeche.fr/article/2013/02/13/1559531-aurelien-pradie-ineligible-un-an.html

Le conseiller général s'est défendu, notamment sur son blog, où il ne rentre pas beaucoup dans les détails :

http://www.aurelien-pradie.fr/on-a-voulu-mabattre/

Alors ?... Soit il y a eu une petite malhonnêteté (la somme manquante est modeste, au regard de ce qui circule parfois dans les campagnes électorales), soit il s'agit d'une maladresse de débutant, une erreur de comptabilité qui n'a pas pu être corrigée à temps. C'est la solution que semblent avoir retenue les Sages : ils sanctionnent parce qu'il y a eu faute, mais, vu que la carrière politique d'A. Pradié ne va pas en souffrir (à court terme), il est vraisemblable que les membres du Conseil constitutionnel aient jugé cette faute vénielle.

Concernant le Conseil, précisons que trois femmes viennent d'être nommées pour y siéger à partir de mars 2013 :

http://www.la-croix.com/Actualite/France/Trois-nominations-au-conseil-constitutionnel-_NG_-2013-02-12-910390

Écrit par : Henri Golant | lundi, 18 février 2013

1/ J'ai commis effectivement quelques petites erreurs... de jeunesse sur mon commentaire.
Le sujet reste qu'Aurélien Pradié cherche à accréditer l'idée d'un complot fomenté par d'hypothétiques adversaires politiques (de gauche sans les nommer), pour se sortir d'un guêpier où il s'est fourré tout seul.
Alors peu importe la gravité de sa faute et sa sanction.

Son attitude d'enfant mal élevé lui a valu un camouflet bien cherché lors d'une séance récente du Conseil Général du Lot où il critiquait le budget :
un collègue "de gauche" André Mellinger en réponse à ses critiques, lui a lancé : «On évite de donner une leçon d'économie quand on a du mal à faire des additions».

L'argument développé par Aurélien Pradié dénonçant un complot "de gauche" visant à le démolir, ne tient pas à l'analyse.
Où sont les socialos-communistes parmi ceux qui ont eu à juger Pradié ?
À moins que... ça y est, je sais d'où vient le coup bas, je l'avais oublié : c'est Michel CHARASSE qui a bourré les urnes !

M. LUCHE n'a aucune responsabilité dans cette affaire mais, avec tout le respect que je lui dois, il devrait tout de même se renseigner avant d'engager un chargé de mission, et peut-être examiner plus attentivement les CV qu'on lui soumet...
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2/ Pas de chance.
Je ne suis pas JUDANANAS. Mais je lui ressemble. J'ai beaucoup copié sur lui (et collé).

Comme quoi, chacun doit inlassablement tourner sa langue sur son doigt avant d'appuyer sur la touche "envoi" de son ordinateur.

La seule bonne nouvelle de tout cet échange de parlottes, c'est la nomination de trois femmes au Conseil Constitutionnel.

La femme est l'avenir de l'homme ?
En attendant elle est notre espoir.

Écrit par : Fred des Cots | mardi, 19 février 2013

Petite information sur le développement du numérique en Aveyron.

Pourquoi le CG 12 est en retard et que tout est bloqué par un ancien ingénieur France Télécom chargé de la question du numérique au CG 12.

Ce président des maires de france sur le 12, Jean Louis qui ne fait grâce que pour son ancien ( voire toujours son actuel) employeur par quelques cadeaux discrets....

Enquête à étudier car l'on y découvrirai quelques surprises sur le pourquoi du retard et de décisions très orienté envers ....

Ne vous inquiétez pas quelques dossiers Orange vont sortir pour M. le condescendant à l'ego surdimensionné

Écrit par : Orange 12 | samedi, 14 septembre 2013

Qu'est Aurélien Pradié devenu ?
Des mauvaises langues disent qu'il n'est plus chargé de mission au Conseil Général de l'Aveyron ?

Écrit par : Fred des Cots | lundi, 10 février 2014

Aurélien Pradié ne figure pas sur la version de l'organigramme du Conseil général de l'Aveyron qui date du 15 novembre 2013 :

http://aveyron.fr/sites/default/files/documents/conseilgeneral/organigramme_cg12.pdf

Eric Fournier est désormais le seul chargé de mission dépendant du cabinet.

Écrit par : Henri Golant | mercredi, 12 février 2014

Merci de cette confirmation dont j'avais ouïe dire dans le Lot.
Le jeune homme n'est pas resté longtemps.
Il court après les... mandats... à tous les sens du terme.

Écrit par : Fred des Cots | mercredi, 19 février 2014

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