dimanche, 24 février 2013
Lore
Il faut prononcer "Laurè". C'est sans doute une forme écourtée de Lorelei, puisée dans la mythologie germanique. Il n'est pas étonnant que les parents de l'héroïne, qui sont des nazis convaincus, aient choisi ce type de prénom. Ils sont à l'exemple des classes aisées qui ont ardemment soutenu la politique menée par Adolf Hitler. La mère est une femme au foyer prolifique, dont le cinquième enfant est encore un bébé. Son époux est un officier nazi, en poste sur le front de l'Est, dont certaines photographies (qu'il faut désormais détruire) évoquent une action particulièrement ignoble. Nous sommes en 1945, dans le Bade-Wurtemberg, et le IIIe Reich s'effondre.
Le grand mérite de ce film est de nous faire revivre cette époque du côté allemand. A mon avis, la réalisatrice fait preuve d'un peu trop d'empathie pour certains personnages Elle prend toutefois soin de distinguer les catégories de populations. Les Allemands n'ont pas tous été nazis, loin s'en faut et, en 1945, dans les campagnes, c'est un peu chacun pour soi. Cette partie du film, qui voit la famille en fuite tirer le diable par la queue rappellera au public français des fictions consacrées aussi bien aux civils pendant la guerre qu'aux juifs cachés dans la France occupée.
Très vite, c'est à la soeur aînée qu'incombe le rôle de maman de substitution. On sent qu'en dépit de son intelligence et de sa grande maturité, la charge est un peu lourde pour ses fragiles épaules. Il faut dire qu'en très peu de temps, elle découvre des côtés peu ragoûtants de la personnalité de ses parents et qu'elle est confrontée aux aspects les plus sordides de la guerre (égoïsme, meurtres et viols), alors qu'elle vivait jusque-là dans une bulle protégée. La jeune actrice Saskia Rosendahl excelle à restituer les sentiments troublés, parfois contradictoires, qui agitent l'héroïne.
La rencontre d'un jeune juif (ou présumé tel) donne davantage d'épaisseur au périple des enfants. Les relations sont tendues, mais les uns ont besoin des autres... sans compter que les sentiments les plus forts (et déroutants) peuvent surgir quand on ne les attend pas.
Cette deuxième partie est selon moi moins réussie que la première. Il y a une certaine complaisance dans l'accumulation des malheurs. Il me semble aussi que la réalisatrice n'a pas su trop quoi faire du drôle de couple qui était en train de se former. Les scènes deviennent très appuyées, lourdes... et ce bébé qui ne cesse de hurler est in-sup-por-table !
Un quart d'heure avant la fin, une (nouvelle) révélation survient, qui change le déroulement du périple. Cela redonne de l'intérêt à l'histoire. Certains personnages finissent par trouver un refuge, du côté de Hambourg. Mais la réalisatrice n'a pas su terminer son film. Dommage.
22:55 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film
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