mardi, 26 février 2013
Syngué Sabour
... "Pierre de Patience" en français. Le titre évoque l'objet auquel on confie ses plus intimes secrets, qui les absorbe sans les révéler... mais qui finit par exploser.
L'héroïne est une femme, mariée très jeune à un moudjahidine afghan, dont elle a eu deux filles. Elle est incarnée par une actrice franco-iranienne (superbe brune), Golshifteh Farahani.
On n'entend pas le mari, plongé dans le coma après qu'il a reçu une balle dans la nuque. Sa famille ayant fui Kaboul, c'est à sa femme que revient la charge du malade (et des deux enfants). Cette situation nouvelle, dangereuse, est néanmoins source de liberté : échappant (partiellement) à l'autorité des hommes, l'épouse va pouvoir gérer sa vie un peu plus à sa guise. Comme elle en a gros sur la patate (et personne à qui se confier), elle va vider son sac devant son mari étendu.
La première partie du film dépeint les difficultés de la vie quotidienne en temps de guerre. Par la bouche de l'héroïne, on découvre aussi les misères d'une jeune mariée, qui n'a pas choisi son époux et qui ne semble pas avoir été bien accueillie par sa belle-famille.
La deuxième partie voit arriver des moudjahidines. En tant que femme, elle est un butin potentiel. Je ne vais pas raconter quel stratagème elle emploie pour éviter de se faire brutaliser par la soldatesque. Mais, à partir de ce moment, va se nouer une drôle de relation entre l'héroïne et l'un des jeunes combattants. Lui-même est une victime : orphelin, enrôlé de force, il subit les brimades d'autres soldats, en particulier de son commandant. Les confidences que l'héroïne fait à son époux, dont elle cache le corps derrière un rideau, deviennent plus érotiques... et les hommes en prennent pour leur grade ! La jeune femme peut aussi s'appuyer sur une tante, qu'elle a fini par retrouver, et dont la situation... spéciale... est le résultat du mépris dans lequel sont tenues les femmes.
La troisième partie est celle des coups de théâtre. La parole et le comportement de l'épouse sont de plus en plus libres. Elle oublie parfois de porter le voile, ne sait plus où se trouve l'exemplaire du Coran familial et ose se maquiller. C'est le moment qu'elle choisit pour révéler à son époux son plus terrible secret. La "pierre de patience" finit par exploser... mais je ne vous dirai pas comment.
Après Wadjda, voilà donc un deuxième film sur les femmes en terre d'islam qu'il ne faut pas manquer. Ici, le réalisateur a su alterner les scènes de monologue (que l'actrice réussit à rendre intenses) et les scènes où surviennent des péripéties qui relancent l'action.
19:41 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film
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