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jeudi, 28 février 2013

Flight

   On peut traduire le titre par "vol" (en avion) ou "fuite" (en avant). Ce vol peut être réel, ou mental : certains des personnages consomment de l'alcool et/ou de la drogue en quantité ; il leur arrive donc de "planer". Le film est centré sur un héros alcoolique, incarné par Denzel Washington.

   La séquence la plus spectaculaire (la seule mettant en scène un avion) est celle du vol qui se déroule mal : il se termine en accident. La mise en scène est rodée. Cela marche comme sur des roulettes. Le coup de l'avion retourné est bien fichu. Les interprètes sont impeccables.

   Mais ce sont les deux scènes du début, qui présentent les deux personnages principaux, qui sont les plus habiles. A ce stade de l'histoire, l'homme (le commandant Whip, alias Washington) et la femme (une droguée jouée par Kelly Reilly, vue notamment dans Sherlock Holmes) ne se connaissent pas.

   On découvre donc le pilote au réveil, après une nuit de folie (sexe, alcool et drogue) en compagnie d'une magnifique hôtesse de l'air. Ce qui devrait être un moment érotique, complice ou tendre est montré de manière triviale. La superbe brune se trimballe à oilpé (rien n'est flouté... nos amis américains deviendraient-ils moins pudibonds ?). On l'entend uriner dans les toilettes... si ! Puis elle part à la recherche de ses affaires, éparpillées dans la chambre d'hôtel. On la voit tenter de les défroisser, indifférente à son partenaire, qui reçoit un appel de son (ex)épouse, qui visiblement essaie de lui faire cracher du blé. Les deux semblent avoir la tête dans le cul.

   Le moment suivant, on découvre la future héroïne (!), une camée prête à (presque) tout pour se procurer sa dope. Je vous laisse découvrir ce qu'on lui propose (de manière assez cash !) en échange d'une ou deux doses.

   L'intrigue prend un tour policier juste après l'accident. Une enquête est ouverte (6 personnes sont mortes tout de même). La tension monte. L'un des derniers bons moments du film voit le héros, pris en mains par son vieux pote Harling Mays  (interprété avec verve par John Goodman), se réfugier dans l'ancienne baraque de son grand-père.

   La suite m'a beaucoup moins plu. A la base, traiter de la dépendance à l'alcool (et à la drogue) était une bonne idée, mais on n'a pas voulu aller trop loin. On n'a pas osé désacraliser l'alcool, ni faire de l'alcoolique un salaud en puissance. Du coup, le spectateur de base a du mal à comprendre pourquoi son épouse et son fils lui en veulent autant. On nous les montre principalement intéressés par l'argent. Jamais il n'est ne serait-ce que sous-entendu que si le noyau familial a éclaté, c'est sans doute parce que le père, ivre, a levé plus d'une fois la main sur sa femme et son fils. La menace représentée par l'alcool ne pèse que sur celui qui en consomme.

   De la même manière, si la séduction qu'exercent les boissons fermentées est assez bien mise en scène, jamais elle n'est réellement présentée comme nocive : les plans présentent toujours les bouteilles sous un jour valorisant, presque clinquant.

   Quant au héros, finalement s'il lui arrive des problèmes, c'est parce qu'au bout d'un moment il arrête de mentir. Si la fin du film est censée prendre un tour plus "moral", je ne crois pas que cette histoire (et surtout la façon dont elle est mise en scène) découragera une seule personne de s'adonner à la boisson. On en trouvera même qui penseront que le héros aurait dû mentir jusqu'au bout.

   Un sujet aussi important et délicat aurait mérité un traitement plus en profondeur.

   P.S.

   Le film s'inspire (en partie) d'une histoire vraie, celle d'un pilote canadien, Robert Piché. Aujourd'hui sorti d'affaire, il s'investit dans la lutte contre les dépendances. Il a aussi créé un site internet, où il se "vend" comme conférencier.

23:27 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0)

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