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vendredi, 05 décembre 2025

Pompéi, sous les nuages...

   ... C'est la traduction, en français, du titre italien Sotto le Nuvole, à prendre au sens propre comme au sens figuré.

   Pourquoi aller voir ce documentaire ? D'abord pour en apprendre un peu plus sur le site de fouilles de l'une des plus célèbres catastrophes naturelles. Ensuite parce que c'est réalisé par Gianfranco Rosi, dont le Fuocoammare m'avait favorablement impressionné, il y a une dizaine d'années. Enfin, parce que c'est tourné en noir et blanc... et, franchement, c'est superbe.

   Seule une partie du sous-sol de Pompéi a été fouillée, sans doute faute de moyens, pour mener les recherches... et sauvegarder ce qui a été mis à jour. Le film nous propose plusieurs aperçus des réserves, riches en œuvres d'art (notamment des sculptures)... et en figures statufiées, les fameux moulages réalisés jadis, qui nous montrent humains comme animaux face à une mort brutale. On ne peut pas ne pas être ému devant ce couple avec un enfant en bas âge, ce chat esseulé ou ces chiens piégés dans les cendres durcies, pour l'éternité.

   Les chercheurs (italiens, anglo-saxons et même japonais) ne sont pas les seules personnes intéressées par ces vestiges. Depuis des années, des individus peu scrupuleux (et bien organisés) réalisent des fouilles clandestines (dont la cartographie présentée à l'écran montre l'ampleur des ravages...)... ou bien s'introduisent sur des sites officiels, pour les piller. Saisissante est la découverte des tunnels, parfois creusés sur des dizaines de mètres... et dotés de l'éclairage (voire d'un moyen de communication sommaire). Cela n'atteint pas l'ampleur des aménagements réalisés par le Hamas (sous Gaza et une partie d'Israël et de l’Égypte), mais c'est tout de même impressionnant.

   Pour les habitants actuels de la région de Naples, même si le Vésuve semble un peu endormi, la menace demeure présente, perceptible dans les petites secousses qui surviennent assez fréquemment, provoquant un afflux d'appels téléphoniques au centre de secours des pompiers. La caméra en profite pour s'attarder dans ces lieux, où les appels les plus nombreux concernent les actes de délinquance, dans une ville où une partie de la population est paupérisée, sans parler de l'influence subreptice de la Camorra (sur laquelle le film demeure allusif, peut-être par prudence).

   On est donc très surpris d'entendre les marins syriens d'un navire-cargo se féliciter du calme et de la sécurité qui règnent à Naples... en comparaison de leur pays d'origine... et de l'Ukraine, où ils se sont arrêtés auparavant pour charger une cargaison de blé.

   Risi profite de la moindre occasion pour nous offrir des portraits de Napolitains, qu'ils soient des résidents anciens ou de passage. J'ai beaucoup aimé les scènes avec le retraité fan de lecture, qui propose du soutien scolaire à des enfants des quartiers pauvres. A l'occasion de ces scènes, on entendra parler de la France, celle de la Révolution, de Napoléon... et de Victor Hugo.

   Même si c'est, à mon avis, un poil trop long (1h50), j'ai été passionné, transporté par cette tranche de vie, qui traverse le temps et les classes sociales pour nous proposer un portrait de ville qui n'a rien de fumeux.