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mercredi, 03 décembre 2025

Bugonia

   Moins d'un an et demi après Kinds of kindness, Yórgos Lánthimos revient avec une nouvelle œuvre dérangeante, parfois difficile à analyser, mais servie par des acteurs éblouissants. Compte tenu des divergences d'appréciation que ce film à suscitées, il m'est apparu nécessaire d'en proposer deux critiques.

 

COMMENÇONS PAR UNE CRITIQUE DE GAUCHE

 

   Le brillant cinéaste grec nous livre un film engagé, qui dénonce le système capitaliste qui opprime les peuples et conduit la planète à sa perte. Emma Stone incarne une patronne insensible, sans scrupule, qui exploite ses employés (sauf quand elle découvre qu'une apparente sollicitude est bonne pour l'image) et berne les usagers de ses productions.

   L'introduction nous présente, en alternance, les personnages antagonistes dans leur préparation quotidienne, l'une dans un environnement urbain luxueux et maîtrisé, les autres dans la précarité d'une périphérie rurale peu engageante.

   Les deux ravisseurs sont des hommes du peuple, dont la famille a été la victime des pratiques de l'entreprise. Faisant acte de subtilité, Lánthimos décide de passer par la métaphore extraterrestre pour dénoncer l'inhumanité des puissants qui nous dominent. Même emprisonnée et physiquement diminuée, la cheffe d'entreprise demeure une prédatrice, capable de retourner le cerveau de ses geôliers. (Excellent performance d'Emma Stone, soit dit en passant.)

   La séquence finale perturbera forcément les spectateurs qui croyaient savoir où le réalisateur nous emmenait. Ce pied de nez n'en est pas moins très cohérent, pris au second degré.

 

A PRÉSENT, PASSONS A UNE CRITIQUE « UN PEU MOINS DE GAUCHE »

 

   Le metteur en scène iconoclaste nous prouve une fois de plus qu'il ne respecte rien et qu'il ne faut pas chercher à le faire entrer dans une case, tant son style et son discours cinématographique ne se cantonnent pas à une idéologie, fût-elle à la mode.

   La séquence initiale nous fait découvrir les futurs adversaires, un peu à la façon Amicalement vôtre ou Hobbes & Shaw. le contraste entre les deux environnements est saisissant... et cocasse, les deux futurs ravisseurs y apparaissant déjà ridicules. Un degré est franchi lors de la séquence de l'enlèvement (brillamment conçue et réalisée), qui, évidemment, ne se passe pas comme prévu, l'un des personnages y apparaissant particulièrement maladroit. Dans le rôle, Jesse Plemons confirme tout le bien qu'on pensait déjà de lui.

   En face, il y a du répondant, avec une Emma Stone éblouissante, qui se prête à une transformation qui n'est pas sans rappeler ce qu'a subi jadis Natalie Portman, dans V pour Vendetta. (La grande différence est que, dans ce film-ci, l'héroïne féminine était façonnée par un mentor, tandis que, chez Lánthimos, il est question d'une victime qui ne se laisse pas faire.) L'affrontement, mi-verbal, mi-physique, qui se joue dans la cave d'une maison en bois est un régal, le rapport dominant/dominé évoluant à plusieurs reprises au cours de l'histoire.

   Pour Lánthimos, c'est l'occasion de dénoncer l'un des cancers de notre époque : le complotisme, associé à l'immaturité affective et à la crédulité. Le scénario va très loin, pour montrer à quelles extrémités peut porter ce genre de croyance.

   Hélas, les dix dernières minutes affaiblissent la portée du film. Lánthimos retombe dans certains de ses travers, la tentation du pied-de-nez, le refus d'être catalogué. Le côté apprêté de cette dernière séquence contraste avec la maestria de ce qui a précédé. C'est dommage, mais je pense que cela n'empêchera pas ce Bugonia de figurer dans mon palmarès 2025.

20:38 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

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