lundi, 22 avril 2013
Guerrière
L'héroïne, Marisa, est une jeune femme paumée. Fille unique, elle a été élevée par une mère célibataire, qui gère une supérette.
Dans son entourage, le personnage solaire est le grand-père Franz, qui adore sa petite-fille, mais qui, dès son plus jeune âge, a voulu en faire une combattante : il lui a imposé des marches, le sac à dos rempli de sable et, de temps à autre, cet ancien militaire lui a livré le fond de sa pensée sur le passé de l'Allemagne... ainsi que sur son présent.
On ne s'étonne donc pas de voir la jeune femme fréquenter un groupe de néo-nazis. Pour les hommes, à une exception près (celui qui va se faire exclure du groupe... et encore), le réalisateur ne fait pas dans la dentelle. Il nous présente ces garçons comme une bande d'abrutis tatoués, qui passent leurs journées à écouter de la musique débile et à se saouler à la bière. Ah, j'oubliais : de temps en temps, ils se défoulent sur des "pas-comme-il-faut" : des "niakoués", des "bougnoules" (on me pardonnera de ne pas avoir retenu les termes allemands), des costards-cravates, des cheveux-longs... (On pourrait trouver ces scènes quelque peu complaisantes : c'est rythmé, parfois presque humoristique : le réalisateur n'est pas dans la simple condamnation ; il nous montre une bande de jeunes qui s'amusent, même si c'est de manière très contestable.)
Le film a donc un aspect documentaire dans sa description de ces jeunes d'extrême-droite, à qui l'on bourre le mou à l'aide de films de propagande hitlériens. Toute cette engeance se garde bien d'ouvrir le moindre bouquin, alors que ceux qui les instrumentalisent sont plutôt des intellos.
Du côté des femmes, le portrait est plus en nuances. Il y a bien sûr l'héroïne, excessive en tout, aussi bien dans ses haines (elle peut aller jusqu'à tenter de tuer) que dans son amour (dans des scènes "intenses" avec son partenaire masculin, Sandro, le chef de la bande de nazilllons). C'est en fait une romantique frustrée, capable de s'ouvrir à autrui... ce qui va faire basculer le film.
Deux autres filles sont mises en valeur. La plus effacée des deux est Melanie, que j'ai d'abord prise pour une lesbienne :
Dans la dernière demi-heure, elle va révéler à ses camarades le secret qui a bouleversé sa vie.
La troisième est un rejeton de la classe moyenne. Svenja est aussi une enfant unique (quand on vous dit que les Allemands ne font plus de gosses !), élevée par sa mère et son beau-père.
La première est un peu larguée. Le second est strict, mais l'adolescente s'ingénie à déjouer sa surveillance. Le conflit naissant et l'incompréhension mutuelle vont la pousser à rejoindre les néo-nazis, dans une démarche voulue comme une transgression.
Il me reste à présenter l'élément déclencheur, le garçon émigré d'Afghanistan (en rouge sur la carte), qui tente de rejoindre la Suède (en vert). Auparavant, il est passé par l'Iran, la Turquie, la Grèce et la France :
On ne sait pas trop ce qui attire l'héroïne chez ce jeune homme, prénommé Rasul. Il est paumé, comme elle, mais cela ne suffit pas à tout expliquer. Paradoxalement, il se pourrait que les leçons de son grand-père aient servi à quelque chose. En tout cas, cette "bifurcation" (qui s'ébauche pendant que le petit copain nazi est en taule), au départ source d'espoir, va donner un tour encore plus noir à cette histoire déjà plutôt triste.
A conseiller aux coeurs bien accrochés.
17:12 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film
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