vendredi, 01 novembre 2013
Omar
La première demi-heure de ce film palestinien est une comédie de moeurs. On y découvre trois amis d'enfance : Tarek, le meneur (qui sort des blagues pourries de chez pourries), Amjad, le hâbleur (dont l'imitation de Marlon Brando fait les délices du quartier) et Omar, le beau gosse intègre, employé sérieux dans une boulangerie. Le héros en pince secrètement pour Nadia, la soeur cadette de Tarek. Régulièrement, il "fait le mur" pour rencontrer en cachette sa dulcinée... et il lui écrit des mots doux.
Sauf que tout ceci se passe entre Israël et Palestine, la Cisjordanie étant traversée par le mur de séparation. En maints endroits rôdent des soldats de Tsahal qui, à l'occasion, humilient le Palestinien de passage.
De plus, les trois jeunes hommes sont engagés politiquement, plutôt dans la résistance laïque (peut-être les Brigades des martyrs d'Al-Aqsa). Notons que la soeur de Tarek ne porte pas le moindre voile. La décision de passer à l'action va bouleverser la vie des trois hommes... et de la jeune femme.
L'armée israélienne (plus précisément son service de renseignement) se met à jouer un rôle crucial. L'intérêt de ce film est de dénoncer non pas la violence physique exercée par l'occupant, mais la violence morale, à travers les choix cornéliens qui sont imposés aux jeunes Palestiniens. Qu'est-ce qui compte le plus à leurs yeux ? Jusqu'où chacun est-il prêt à aller pour la cause ?... Et qui trahit qui ?
Le film devient un polar très bien construit, où l'on tente de démêler le vrai du faux. On ne sait pas jusqu'à quel point les personnages mentent. C'est du niveau d'une tragédie grecque : il n'y a pas de bonne solution. Alors, quelle est la moins mauvaise ?
La montée en tension est maîtrisée, avec toutefois deux invraisemblances : Omar croit un peu trop vite un gros mensonge qu'un personnage lui balance pour sauver sa vie et, plus tard, c'est au tour d'un agent israélien de se faire un peu trop facilement berner.
La réalisation est au cordeau, avec quelques scènes très enlevées, celles des poursuites dans les ruelles de la ville palestinienne. Après Ajami, Inch'Allah et L'Attentat, c'est une nouvelle fiction coup-de-poing sur le conflit proche-oriental.
Malheureusement, le talent déployé dans ces films semble inversement proportionnel aux perspectives de règlement du conflit...
00:53 Publié dans Cinéma, Proche-Orient | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film
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