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samedi, 24 mai 2014

Conversation animée avec Chomsky

   C'est le genre de film qui réunit des publics aux motivations diverses. Il y a ceux qui viennent voir la nouvelle oeuvre de l'un des cinéastes les plus doués de sa génération (l'auteur de Eternel Sunshine of the spotless mind, de La Science des rêves et de Be kind rewind). Il y ceux (pas très nombreux, à mon avis) qui sont arrivés là portés par le souffle de la linguistique générative... et puis il y a tout une mouvance contestataire, qui a trouvé en lui un intellectuel indépendant, devenu une sorte d'icône de la gauche de la gauche. C'est sans doute la frange la plus importante de son public.

   A l'Utopia de Toulouse où j'ai vu le film, la salle était pleine... et pleine de jeunes adultes à la coiffure approximative et aux vêtements colorés. De temps à autre, un keffieh apparaissait autour d'une gorge.

   J'ai eu peur.

   Heureusement, ceux qui étaient assis autour de moi étaient sages et assez propres. J'ai donc pu profiter pleinement du film. Et il faut dire qu'une certaine concentration est nécessaire pour suivre à la fois les méandres de la pensée chomskyenne et les délires graphiques de Michel Gondry. En général, l'image est constituée d'une scène réelle, qui est intégrée à une animation plus ou moins foisonnante.

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   Il y a bien sûr un lien entre les inventions de Gondry et ce que Chomsky est en train de raconter. J'ai en mémoire le moment où il parle de son enfance et de sa scolarité dans un établissement novateur (un peu du genre de ceux du système Freinet, je pense). Comme il s'est révélé être un élève doué, on lui a fait sauter une classe. A l'écran, cela donne un jeu de cubes comme les enfants en manipulent tant. Sur chacun d'entre eux est inscrit l'une des lettres du mot "school" (école, en anglais). On voit l'un des cubes passer au dessus de l'autre !

   A un autre moment, il est question d'astronomie et même d'astrologie. Chomsky évoque divers scientifiques, notamment Isaac Newton. Gondry choisit de nous dessiner le visage du physicien, tel qu'on le connaît en Occident, avec sa perruque à rouleaux... et il fait se mouvoir des planètes tout autour... voire à l'intérieur des rouleaux !

   Notons que le réalisateur s'adresse régulièrement à son public. Il exprime ses doutes, explique sa méthode et se lance parfois dans un petit cours d'animation :

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   Il est finalement peu question de la politique contemporaine dans ce film. C'est plutôt la vie personnelle de Chomsky que Gondry a choisi d'illustrer. L'homme révèle adorer ses enfants et petits-enfants qui, depuis le décès de son épouse, constituent sa meilleure raison de vivre. On sent par contre l'homme engagé déçu par l'évolution du monde contemporain.

   L'une des gageures était de rendre intelligibles les recherches en linguistique de Chomsky. Franchement, je ne pense pas avoir tout compris. C'est parfois assez ardu et j'avoue que, de temps à autre, j'ai moins prêté l'oreille pour jouir du spectacle déployé à l'écran.

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   Je pense que Gondry atteint quand même son but quand il prend l'exemple de la phrase "The man who is tall is happy." et de sa transformation en interrogation "Is the man who is tall happy ?". L'illustration permet de comprendre pourquoi la phrase ne se structure pas en mots indépendants mais en groupes de mots. D'après Chomsky, l'enfant qui veut passer à la forme interrogative choisit naturellement de déplacer le second "is" de la phrase et pas le premier. Il a suivi une logique structurelle et pas de proximité.

   Au final, cela donne une oeuvre ambitieuse et un peu foutraque, qui nécessite sans doute deux visions pour bien en comprendre tous les ressorts. (On surveillera la sortie en DVD.)

00:34 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film

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