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samedi, 18 juillet 2015

Microbe et Gasoil

   Le titre du nouveau film de Michel Gondry (auteur, l'an dernier, de l'étonnant Conversation animée avec Chomsky) est composé des surnoms de ses deux personnages principaux, deux adolescents de 14-15 ans un peu hors normes.

   A ma gauche, voici Daniel dit Microbe. C'est un garçon très imaginatif, habile dans le dessin, mais qui s'ennuie terriblement au collège. Il s'y plaît d'autant moins qu'il est l'objet de moqueries de la part de certains djeunses qui se la pètent. Par dessus le marché, il est complexé par son physique androgyne... et commence à en avoir marre qu'on le prenne pour une fille !

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   (Dans ce rôle, j'ai trouvé qu'Ange Dargent avait des airs de Sylvie Testud jeune.) Son environnement familial ne contribue pas trop à épanouir "Microbe". Il est en conflit avec son frère aîné, qui a viré punk. Il ne supporte pas les attentions dont sa mère l'entoure. Elle est incarnée par Audrey Tautou, excellente en maman compréhensive, new age... et dépressive.

   A ma droite, voici Théo alias Gasoil. C'est la grande révélation de ce film. Théophile Baquet (un nom à retenir) interprète avec beaucoup de culot ce gamin d'origine plus populaire que son nouveau pote Microbe. Ses parents gèrent une boutique d'antiquités. Gasoil doit son surnom notamment à ses mains perpétuellement sales, à cause des travaux de bricolage auxquels s'adonne cet as de la mécanique.

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   Il est aussi doté d'un bagout à toute épreuve. Il lui arrive souvent de parler comme un adulte (voire mieux que les adultes), mais avec son accent d'adolescent. Le pari était risqué... mais ça marche du tonnerre. J'ai souvent ri en entendant les analyses pertinentes, parfois un peu péremptoires, assénées par ce bout d'homme mal dégrossi. Le pire est que le garçon est tout à fait crédible, alors qu'il passe les trois quarts du film en mocassins et culotte de survêtement ! (Ce n'est pas donné à tout le monde...)

   La première partie de l'histoire nous montre la rencontre de ces deux francs-tireurs, également rejetés par la masse conformiste. Comme ils ne se sentent pas très à l'aise non plus dans leurs milieux familiaux respectifs, ils décident de prendre la tangente.

   La seconde partie de l'histoire est un road-movie fait de bric et de broc. On y voit des gendarmes réaliser un selfie devant un véhicule camouflé en cabane de jardin. On y découvre l'existence d'un gang de voyous coréens, en plein coeur de la France. On y apprend comment échapper à la vengeance d'une équipe de rugbymen... et comment gagner/perdre un concours de dessin !

   C'est incontestablement l'un des films les plus drôles de ces derniers mois. De plus, il aborde l'adolescence sans vulgarité ni démagogie. S'il se moque (gentiment) de ses personnages, il aide toutefois à mieux les comprendre.

   Je suis sorti de là avec une pêche d'enfer !

   PS

   A l'origine de la fugue des deux garçons, il y a le désir de Gasoil de revoir le camp de vacances où il s'est jadis tellement plu... sur l'Aubrac ! Même si on peut le soupçonner de regretter surtout les nichons des monitrices, son attirance pour cette région du Massif Central le rend encore plus sympathique.

22:13 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

Unfriended

   Pas facile de traduire en français le titre de ce petit film d'épouvante. Littéralement, cela donnerait "désamicalisé". Cela consiste à retirer quelqu'un de sa liste d' "amis" sur un célèbre réseau social. C'est ce que fait le personnage principal, Blaire, au début de l'histoire, quand elle reçoit un message du compte Facebook de sa meilleure copine décédée un an plus tôt.

   Le principal intérêt de ce film est la mise en scène de certains usages d'internet : les réseaux sociaux, la musique en ligne, le recherche d'informations, le téléchargement de documents et le dialogue en direct via Skype. L'action se déroule donc en temps réel. L'écran est partagé. On y voit les six amis, chacun-e devant son écran d'ordinateur portable, filmé-e par la web-cam. On y voit aussi le dialogue privé entre l'héroïne Blaire et son petit copain Mitch. On suit toutes les actions de la jeune femme, du choix d'une musique d'accompagnement aux hésitations dans la frappe des messages.

   L'habillage est réussi. On y croit et il n'y a pas de temps mort. Notons qu'on ne distingue des logements que ce qui apparaît à l'arrière-plan des personnages. Pour la version française, un gros travail a été fourni, puisque presque tout a été traduit. Les spectateurs attentifs remarqueront que les "tchateurs" commettent très peu de fautes d'orthographe !

   L'intrigue tourne autour de l'intervention d'un septième personnage, qui a piraté le compte Facebook de Laura Barns, une lycéenne qui s'était suicidée après avoir été dénigrée sur la Toile. Ce personnage réapparaît sous le pseudo de Billie, qui peut désigner aussi bien un homme qu'une femme. il semble vouloir venger Laura de ses supposés meilleurs amis.

   Honnêtement, l'intrigue tient pendant un peu plus de trois quarts d'heure. On se demande qui est le "hackeur". Fait-il (elle) partie de la bande des six (façon Agatha Christie) ? Est-il (elle) un-e proche de la défunte, qui rumine son chagrin et sa rancoeur (façon série policière) ? Ou bien s'agit-il d'une intervention surnaturelle (façon Projet Blair Witch ou Paranormal Activity) ?

   Quand on a compris cela, l'histoire perd beaucoup de son intérêt. Pour un film de genre, c'est peu effrayant et le vieux cinéphile que je suis est un peu lassé de voir une bande de jeunes crétins commettre toujours les mêmes imprudences.

   Il reste l'aspect sociétal de l'intrigue : le rôle des réseaux sociaux dans le dénigrement et le harcèlement. Au fur et à mesure que l'intrigue se développe, on découvre les aspects peu ragoûtants de "l'amitié" qui lie les personnages principaux. L'action du mystérieux hackeur (qui connaît beaucoup de secrets inavouables) s'inscrit aussi dans cette thématique.

   Cela donne un ensemble disparate, pas inintéressant, mais à mon avis inabouti.

11:48 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films