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lundi, 20 juillet 2015

Opium

   C'est le titre d'une bande dessinée de Laure Garancher, dont j'avais déjà apprécié Mon Fiancé chinois. Ici, l'histoire a pour cadre les années 1840-1860 et les Guerres de l'opium, quand l'Occident (avec à sa tête le Royaume-Uni) a fait courber l'échine à un empire multiséculaire.

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   Comme dans sa précédente oeuvre, les femmes sont les moteurs de l'intrigue. Ici, ce sont deux soeurs jumelles, Mei Ju et Mei Yun, qui vont connaître des destins contrastés.

   On découvre Mei Ju dans la première partie de l'histoire. C'est une demoiselle pleine de talents (parfois cachés). Elle vit à Canton, où elle travaille au service de la famille d'un riche commerçant, gros importateur d'opium.

   Le deuxième chapitre revient sur l'enfance et l'adolescence des deux soeurs, inséparables à l'époque. Sous l'influence de leur père, grand patriote chinois, elles vont être amenées à faire des choix différents.

   Dans le troisième chapitre, on suit à nouveau la belle Mei Ju, devenue espionne. Elle rencontre un jeune peintre britannique. Tous deux vont échanger sur l'art pictural... et dans bien d'autres domaines...

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   C'est un aspect de l'histoire qui revient à intervalle quasi régulier : l'intérêt pour la peinture, qu'elle soit occidentale ou orientale. La mère des héroïnes leur a appris à manier le pinceau. Elle-même est l'auteure de représentions de paysages... et Mei Ju aurait aimé elle aussi consacrer sa vie à cet art. Les péripéties de l'histoire chinoise l'ont poussée à changer ses projets.

   Le quatrième chapitre montre les retrouvailles des deux soeurs. On en apprend plus sur la vie de Mei Yun... et l'on découvre le secret que cache Mei Ju.

   Le cinquième chapitre est plus politique. Il démarre en 1858 et mène à la seconde guerre de l'opium et au saccage du Palais d'été par les Occidentaux. La grande histoire rejoint la petite, puisque Mei Ju est obligée de faire un choix terrible. De son côté, sa soeur va connaître un bouleversement dans sa vie sentimentale. Dans cette partie, je trouve que le côté romanesque se marie bien avec les considérations historiques. Au point de vue graphique, on sent que la dessinatrice a été marquée par certaines caricatures du XIXe siècle :

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(En bas se trouve un dessin paru dans Le Petit Journal en 1898. On remarque que, chez Laure Garancher, l'Allemand est remplacé par un Américain.)

   Je me garderai bien de raconter la suite. Sachez que le feuilleton familial se poursuit. La vie personnelle de Mei Ju subit encore les contrecoups de la vie politique chinoise, dans laquelle elle s'investit de plus en plus. On aimerait bien qu'il y ait une suite !

Une Seconde Mère

   Cette mère est Val, femme de ménage et un peu bonne à tout faire d'un couple aisé, depuis plus de dix ans. Ce couple a un fils, Fabinho, dont elle a été la nounou et dont elle est restée la confidente. Plus que la seconde mère, elle est sa mère de cœur, au contraire de la génitrice du jeune homme, qui semble le mépriser.

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   Ce film brésilien d'Anna Muylaert met en scène ce qu'il faut bien appeler les inégalités de classes... qui se doublent d'une autre inégalité : les riches sont visiblement d'ascendance européenne, alors que les pauvres sont d'ascendance africaine ou amérindienne.

   L'intrigue confronte deux tempéraments, celui de la mère et celui de la fille. Val est contente d'avoir un travail, de s'occuper d'un enfant, même si elle loge dans un cagibi. Elle a intériorisé sa soumission. De surcroît, ses maîtres employeurs ne sont pas odieux et la traitent avec un relatif respect. C'est la perversité du système. Toutefois, à quelques occasions, on voit que de vieilles habitudes ne sont pas loin de ressurgir.

   C'est ce que ne peut pas supporter Jessica, qui a vécu son enfance loin de sa mère. Elle en veut à celle-ci de l'avoir "abandonnée" pour un travail qui est de plus asservissant. On peut penser que sa famille est originaire d'une région pauvre (sans doute le Nordeste), alors que l'action se déroule dans la banlieue de Sao Paulo.

   Là où l'histoire devient piquante, c'est quand on réalise que la jeune femme, qui vient s'installer dans la mégapole pour poursuivre ses études, est vraiment douée, cultivée, intelligente... plus en tout cas que le fils à papa qui cherche, comme elle, à intégrer une prestigieuse école d'architecture. Comme en plus elle est mignonne, elle attire les regards de la gent masculine, jeune comme moins jeune...

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   Pourtant, les pères ne sont pas très présents à l'écran. Celui de Jessica est séparé de sa mère depuis des années (et il a rejeté sa fille, pour une raison que l'on finit par découvrir). Celui de Fabinho passe une grande partie de ses journées au lit ou bien dans son atelier de peinture. A la maison, c'est l'épouse qui "porte la culotte"... mais l'argent vient d'abord du mari. On réalise que, même quand les hommes sont au second plan, ils jouent un rôle important, parce que la société brésilienne est encore patriarcale. Au cours de l'histoire, on apprend l'existence d'un autre père qui, directement ou indirectement, a pesé sur la vie de plusieurs personnages.

   Plus qu'une comédie, c'est un portrait social du Brésil en mouvement, avec ses mauvaises vieilles habitudes et le vent du changement, porté principalement par les femmes. Même Val finit par être contaminée...

13:19 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films