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lundi, 28 décembre 2015

Au-delà des montagnes

   Deux ans après le brillant et militant A Touch of sin, Jia Zhang Ke revient avec un mélodrame qui s'étend sur trois époques : 1999, 2014 et 2025, cette dernière partie se déroulant en Australie. On suit principalement trois personnages, même si, dans le troisième volet, deux autres vont à leur tour occuper le premier plan.

   L'histoire démarre en 1999, avec un trio amoureux que l'argent va faire déraper. A l'époque, la Chine commence à peine à goûter à la société de consommation. L'espoir d'une vie meilleure anime certains habitants de Fenyang, une "petite" ville (400 000 habitants tout de même) de la province de Shanxi (où est né le réalisateur), en rouge sur la carte :

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   C'est l'occasion de mettre en scène l'opposition entre le nouveau riche, qui croit que tout lui est dû, et l'ouvrier modeste et vertueux. Aux cinéphiles français, cela rappellera des choses. Je ne serais pas étonné d'apprendre que Jia Zhang Ke est un connaisseur du réalisme poétique hexagonal. L'autre versant de l'histoire est l'occidentalisation des moeurs, vue à travers l'alternance entre deux chansons populaires,  une britannique et une cantonaise. On voit aussi la fascination qu'exercent certains produits de consommation, au premier rang desquels une voiture de marque allemande... avec une scène cocasse sur ce qu'est la "Deutsche Qualität" !

   Entre les deux hommes, le coeur de l'héroïne balance. Et puis elle est jeune, pas très sûre de ce qu'elle doit faire... excepté qu'elle refuse d'être sous la coupe d'un mec et qu'elle veut vivre sa vie. Dans le rôle, Zhao Tao est lumineuse. Notons que ce premier volet est tourné en caméra numérique, en format carré. Par la suite, l'image s'élargit... comme l'horizon des héros.

   On retrouve Tao quinze ans plus tard, devenue riche à son tour. Cette deuxième partie est centrée sur la femme du trio et l'ouvrier, tombé malade. A l'image de certaines catégories populaires traditionnelles, il n'a pas bénéficié du "miracle chinois". On en voit quand même des aspects spectaculaires, comme le train à grande vitesse, une fierté nationale... mais qui n'a pas, pour l'héroïne, le charme des bons vieux omnibus. Là encore, le spectateur occidental aura l'impression que le réalisateur adapte à la sauce chinoise une thématique déjà traitée en Europe (et aux Etats-Unis). Dans cette histoire contemporaine, c'est l'amour entre une mère et son fils qui est perturbé par l'argent. L'occidentalisation est perçue à travers le désir de certains Chinois d'émigrer et la volonté des "élites" d'éduquer leurs enfants en anglais.

   La troisième partie, futuriste, est finalement la plus audacieuse. Elle a pour cadre principal une cité protégée de la côte australienne, où se sont réfugiés de riches Chinois qui ont quelque chose à se reprocher. Ceux-ci peinent à comprendre leurs propres enfants, complètement acculturés... à tel point qu'ils doivent suivre une formation pour se familiariser avec leur pays d'origine. On suit plus particulièrement "Dollar", qui a presque tout oublié de sa mère.

   Le scénario est encore plus "gonflé" que cela, puisqu'il montre une relation naissante entre le jeune homme (à peine majeur) et une femme plus "mûre" (interprétée par une actrice taïwanaise, à l'accent anglais parfait). Celle-ci, à l'image de sa mère,  a réussi dans la vie, mais la richesse ne l'a pas rendue plus heureuse pour autant.

   L'ensemble forme un film hétéroclite, où l'on retrouve la thématique sociale chère à Jia Zhang Ke, mais noyée dans un mélodrame bourgeois, plutôt bien joué, mais pas aussi emballant que la critique dithyrambique le laissait supposer.

12:34 Publié dans Chine, Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

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