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samedi, 28 décembre 2013

A Touch of sin

   Jia Zhang Ke est connu comme "réalisateur social", qui pointe les travers de l'industrialisation chinoise, soit en s'appuyant sur la fiction (dans Still Life par exemple), soit en s'appuyant sur le documentaire (voir Useless). Il s'agit ici d'une fiction, divisée en quatre petites histoires qui se croisent.

   La première a pour héros Dahai, un mineur contestataire, qui voudrait en appeler à Pékin contre les autorités locales, qu'il juge corrompues, et un entrepreneur véreux, qu'il a côtoyé sur les bancs de l'école :

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   A travers lui, on (re)découvre la vie difficile des travailleurs manuels de province... et la violence des rapports socio-économiques dans le nouveau paradis du capitalisme. Dahai finit par "péter les plombs"... et se transforme en Charles Bronson chinois. C'est sanglant... et, il faut le reconnaître, plutôt jouissif. L'histoire est très ambiguë, pas si réaliste que cela, au fond. On sent que le réalisateur a voulu adresser une sorte d'avertissement aux élites au pouvoir.

   Sur sa route, le mineur croise un travailleur itinérant, juché sur sa moto, Zhou San :

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   Celui-ci est le pur produit d'une société déstructurée, hyper-individualiste. Le début de son histoire dépeint ce coin de Chine comme un nouveau far west... dans ce qu'il a de négatif. La psychologie du personnage est approfondie lors de son retour au village, avant qu'il ne s'enfonce davantage.

   Dans ses pérégrinations, le motard croise une jeune femme, Xiao Yu, et un cadre travaillant loin de chez lui. Elle nous est d'abord présentée comme la maîtresse de l'homme marié, qui voudrait bien continuer à profiter du beurre et de l'argent du beurre : il répugne à divorcer. En clair : quand il se trouve à Canton, il est content de retrouver bobonne, qui semble issue d'une famille aisée. Quand il part travailler plus au nord, il aime tirer son coup avec la célibataire indépendante (d'origine modeste). Elle hésite à ne plus se laisser mener par le bout du nez :

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   On finit par découvrir qu'elle est réceptionniste dans un salon de massage. C'est là que l'ampleur de l'exploitation des femmes est montrée à l'écran. Un objet, que l'héroïne a récupéré de son amant, va jouer un rôle décisif.

   La dernière histoire met en scène un djeunse, un peu "métrosexuel" sur les bords (notez la marque apparente du caleçon) :

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   Xiao Hui est plus instable que les précédents. Plus fragile aussi. Il travaille dans le Sud, mais doit envoyer de l'argent à sa mère. Au début, on le voit dans une usine textile, qu'il va fuir pour des raisons que je ne dévoilerai pas. Il se retrouve ensuite dans un établissement de charme et découvre la prostitution de luxe. Une idylle naît entre lui et l'une des entraîneuses. (Je ne retrouve pas le nom de l'actrice, mais sachez qu'elle est très bien.) Cela introduit un peu de fraîcheur dans cette histoire très noire, où de nouveau l'exploitation des femmes est mise en exergue. Là encore, l'intrigue se conclut dans le sang, mais de manière inattendue (de fausses pistes sont proposées en cours de route) mais malgré tout cohérente.

   Peut-être pour rééquilibrer son film, foncièrement pessimiste, Jia Zhang Ke a introduit une cinquième partie, où l'on retrouve deux personnages aperçus précédemment, dans deux histoires différentes. La fin est ouverte, mais le bilan social de la Chine que dresse le réalisateur reste accablant.

22:06 Publié dans Chine, Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film

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