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samedi, 03 décembre 2016

Sully

   Précisons au public français (cultivé) que le titre de ce film n'a (à ma connaissance) aucun lien avec le surintendant des finances du roi Henri IV. C'est le diminutif de Chesley Sullenberger, le commandant de bord qui, en 2009, a réussi l'exploit de faire amerrir un Airbus A320 de la compagnie US Airways sur le fleuve Hudson, sauvant ainsi 150 passagers.

   Derrière la caméra, Clint Eastwood n'a pas eu envie de tourner un film-catastrophe à grand spectacle. Oh, rassurez-vous, il a bien inséré quelques scènes spectaculaires, mais le véritable propos est ailleurs. L'histoire commence peu après l'amerrissage (que Sullenberger s'est refusé à appeler un "crash"). Alors que les médias traitent le pilote (Tom Hanks, impeccable) en héros, en coulisses, le Conseil national de la sécurité des transports et l'Agence fédérale de l'aviation enquêtent, histoire de savoir si une autre issue n'aurait pas été possible. En clair : l'amerrissage est perçu comme un véritable miracle, quasi impossible à réaliser. (Selon l'article wikipédia consacré à l'affaire, il y a deux précédents, mais très anciens.) Du coup, les experts pensent qu'il aurait été plus logique de se diriger vers l'un des deux aéroports les plus proches de l'avion au moment de l'accident, à savoir La Guardia (d'où il avait décollé) et Teterboro (dans le New Jersey, à l'ouest de New York), JFK se trouvant plus loin, à l'est.

   On est donc en plein dans le monde eastwoodien, celui d'hommes et de femmes a priori ordinaires, confrontés à l'adversité et qui, parfois, vont s'élever, donner le meilleur d'eux-mêmes. Cependant, en dépit de la minutie accordée à la description de l'action des personnages secondaires, tout tourne autour de Sully/Hanks, à tel point qu'Aaron Eckhart (le copilote) et Laura Linney (l'épouse aimante et éplorée) passent pour de simples faire-valoir. Le premier, remarqué jadis dans Thank you for smoking, est sous-utilisé. La seconde (vue récemment dans Mr Holmes) est cantonnée dans un rôle essentiellement plaintif, à tel point que cela en devient agaçant.

   Le fil rouge de l'intrigue (l'enquête sur les conditions de l'amerrissage) n'en reste pas moins fort agréable à suivre. Eastwood montre des hommes honnêtes en prise avec la bureaucratie, un thème cher au coeur du cinéaste républicain. Si je voulais être un peu polémique, je dirais que notre bon vieux Clint en profite pour instiller quelques idées à sa sauce, à savoir que les masses ont besoin d'hommes forts pour les guider... et que les élites sont plus nuisibles qu'utiles. (Son soutien à Donald Trump n'étonnera que les imbéciles.)

   Pour nous Frenchies, une séquence se révèle particulièrement intéressante. Les autorités américaines ont demandé au constructeur Airbus de recréer les conditions de l'accident dans leur simulateur, du côté de... Toulouse. Aux Etats-Unis, on n'a pu créer que des scénarios virtuels, à l'aide d'algorithmes, sur ordinateur. (Voici celui qui s'appuie sur le trajet de l'avion jusque sur l'Hudson.) Là, on voit des pilotes supposés français... qui, dans la version originale, parlent anglais. Notons que les équipages sont tous mixtes, l'un d'entre eux ayant pour commandant une femme. Clin d'oeil à la parité française ? (Je ne suis pas sûr qu'elle ait atteint la cabine de pilotage...)

   Petit à petit, les retours en arrière nous donnent une vision complète de l'événement, du point de vue de l'équipage comme de celui des passagers. Cependant, ceux-ci m'ont semblé peu exploités (le film dure pourtant à peine plus d'1h30) et, à leur sujet, Clint tombe de temps à autre dans le pathos. A l'arrière-plan, on perçoit l'ombre du 11 septembre 2001, à la fois dans les cauchemars de Sully, les angoisses des passagers et le dévouement des secouristes.

   L'ensemble forme un beau film altruiste, mais qui s'appuie parfois sur de grosses ficelles.

   P.S.

   Il y a quelques années, un documentaire a été tourné sur le même sujet. On y apprend notamment que le père qui a attrapé l'avion au dernier moment était accompagné d'un fils et non pas de deux (ce qui est le cas dans le film). On y découvre que l'un des personnages est interprété par la personne qui l'a inspiré (Vince Lombardi, le capitaine du ferry Thomas Jefferson, le premier qui se porte au secours de l'avion sur le fleuve)... et l'on apprend aussi que, si l'eau s'est engouffrée aussi rapidement dans l'avion, c'est peut-être parce qu'une manette de secours (dont l'utilisation est prévue dans le manuel d'urgence d'Airbus) n'a pas été actionnée. Curieusement, ce détail n'a pas retenu l'attention du scénariste.

   P.S. II

   Question à un centime d'euro : le nom de l'industriel aéronautique aurait-il été aussi abondamment cité dans le film s'il s'était agi d'un Boeing ?

12:56 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

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