mercredi, 16 août 2017
Memories of murder
L'été est propice à la ressortie de classiques du cinéma, souvent dans une version restaurée. A Rodez, nous avons récemment eu droit à l'étonnant Fight Club (de David Fincher). Cette semaine, c'est au tour d'un des meilleurs thrillers du début du XXIe siècle, Memories of murder, de Joon-Ho Bong, un réalisateur sud-coréen auquel on doit, notamment, Snowpiercer et The Host.
L'action débute dans la campagne sud-coréenne, dans la seconde moitié des années 1980, une époque à laquelle le pays commence à se démocratiser, mais reste contrôlé par les militaires pro-américains. Les policiers du coin, habitués à gérer les petits délinquants, ont un oeil sur les mouvements politiques et ne semblent pas toujours durs à la tâche...
Survient une série de meurtres de jeunes femmes, assez "tordus". Un jeune officier de la ville, rompu aux techniques modernes d'enquête, débarque de Séoul pour prêter main-forte aux policiers locaux. Mais chacun a sa culture et ses méthodes de travail. Ils vont devoir mettre leurs désaccords sous le tapis s'ils veulent résoudre le mystère du tueur en série.
Comme tout bon film de genre, il propose un portrait social de la Corée du Sud, pays très patriarcal, où les forces de l'ordre ont coutume d'arracher les aveux par tous les moyens. La démocratisation en cours exige toutefois que les policiers changent... surtout s'ils veulent trouver le véritable coupable, au lieu de se contenter du premier pauvre type prêt à avouer. Cela nous vaut de beaux portraits de flics, avec leurs faiblesses. On voit aussi émerger le rôle des femmes. L'une des policières est sous-estimée par ses collègues, qui la jugent juste bonne à taper à la machine et apporter le café. C'est pourtant elle qui va découvrir un indice capital pour la résolution de l'énigme.
Au niveau de la mise en scène, c'est brillant. Joon-Ho Bong utilise superbement les paysages (champs, prés, forêt) et l'eau. J'ai rarement vu la pluie aussi bien filmée. C'est d'autant plus important qu'elle joue un rôle clé dans l'intrigue.
Le polar est très bien ficelé. On met longtemps à dénouer les fils et, même à la fin, une incertitude demeure. C'est aux spectateurs de se faire leur propre idée. Cela n'empêche pas le réalisateur de parfois jouer avec nous, comme lorsqu'il filme en caméra subjective le tueur tapi dans la forêt, hésitant entre deux victimes potentielles qui se présentent à lui (un procédé que l'on retrouve dans le récent I Wish).
C'est donc un très bon spectacle, assez long (2h10), qui a été copié en Corée et ailleurs. L'an dernier est sorti en France un gros succès au box-office coréen, The Strangers, un thriller surestimé à mon goût, mais qui doit beaucoup à Memories of murder.
21:52 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films
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